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    Beaucoup penseront que le fait est banal ; quelques-uns comprendront ce que cette évolution signifie. Pour moi, je n’en reviens pas. J’y crois à peine : je peux m’accroupir et surtout me relever sans aide ni appui ! C’est la première fois depuis près de dix ans. Il y a quinze jours je n'y arrivais pas encore.

     

    En 2003, après des traitements lourds, je me mouvais avec de très grandes difficultés. Le matin il me fallait près d’une demi-heure pour seulement m’asseoir au bord du lit en m’accrochant aux meubles autour de moi. Faire ma toilette et m’habiller me demandait près de deux heures car j’avais beaucoup de difficultés à enfiler une jupe ou un pantalon -même avec élastiques. Il arrivait que je reste quelques minutes figée par une douleur dorsale diffuse, pénétrante, épouvantable, au point de ne pouvoir émettre ne serait-ce qu’un soupir. Souvent la marche était un supplice. Mon petit chien est arrivé. Les jeux avec lui avant le lever ont été plus efficaces que toutes les séances de kinésithérapie car alors je ne me concentrais plus sur le geste et la douleur qu’il risquait d’engendrer.

     

    Jusqu’à réussir aujourd’hui à m’accroupir, comme cette jeune grand-mère que nous voyons dans une publicité, accroupie sur une plage et qui tend les bras vers son petit-fils. Qu’elle joie ! Quel bonheur de reprendre la maîtrise de son corps !

     

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    Le salon de thé (base)

     

    Semaine 4

     

    Un appartement vient d’être évacué ; un autre se remplit. Des quadragénaires et leurs deux filles adolescentes ont emménagé dans l’appartement vacant depuis des mois au premier, au-dessus de la tête  d’Alice. « Tant mieux, se réjouit-elle, ils chaufferont mon plafond. » « Chouette, renchérit Sébastien, j’aurai les pieds au chaud. » Tandis que Claude soulagée se dit qu’elle dépensera moins de gaz. Mademoiselle Hermenier, quant à elle, considère ces arrivants comme de futurs hôtes de son salon de thé en cours d’élaboration.

    Depuis qu’elle en a eu l’idée, elle ne cesse de remanier ses plans. Elle échafaude, remet à plat, construit, améliore, démolit pour tout reprendre à partir de l’inspiration initiale. Elle ne renoncera pas, soyez-en certains !

    Que feront monsieur et madame Bernard de ces mètres carrés hérités de feu leur fils Aymard Faust de Krakoya ? S’ils les vendaient, elle les acquerrait volontiers. Elle les transformerait en chapelle littéraire dédiée à la gloire du génie disparu. Tout un chacun aurait la possibilité de s’y exprimer et de consulter ses œuvres…

    S’ils les louaient ? Sébastien, qui bientôt vivra en couple, descendrait bien d’un étage et s’accommoderait d’un logement plus spacieux que celui qu’il occupe sous les toits. Quoi que les parents Bernard décident, Claude Roux apprécierait d’avoir des voisins de palier. Mais monsieur et madame Bernard sont repartis sans faire part à qui que ce soit de leurs intentions. Aussi chacun –en secret- reste-il dans l’expectative.

    Seule Alice ne porte pas attention à l’appartement libéré dans la mesure où le sien, le mieux orienté de tous, lui convient tout à fait. Elle est surtout attentive aux mouvements qu’elle peut percevoir au-dessus de sa tête. A vrai dire les nouveaux occupants se manifestent peu : des pas feutrés, une chaise traînée, parfois la chute d’un objet, jamais d’éclats de voix. Elle les écoute vivre au rythme de leurs allées et venues. Le père descend le premier, assez tôt le matin, à l’heure où elle-même prépare son petit déjeuner. Plus tard la mère passe derrière sa porte avec ses deux filles. Elle devine leurs bavardages à mi-voix lorsqu’elles arrivent à sa hauteur. Toutes les trois rentrent pour le repas de midi, repartent, puis reviennent vers dix-sept heures. Le père arrive souvent aux alentours de dix-neuf heures. C’est une famille calme et organisée. Que souhaiter de mieux ?

    Dès qu’elle aperçoit le facteur, tante Alice se précipite sur sa boîte aux lettres. Ce n’est pas qu’elle attende quelque chose de particulier, mais elle espère plus ou moins la réception d’un pli qui pimentera le train-train dans lequel elle s’englue. Et justement  ce matin un détail retient son attention. Sur la boîte de ses nouveaux voisins, elle lit : Jérôme et Aurélie Tchang. Tiens ! Tiens, tiens… Un grand presque blond aux yeux bleus avec un nom chinois ? Ce n’est pas commun !

    Rappelons à propos que notre voisine n’est pas commère, elle recherche des distractions !

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