• Première neige - First snow

    Première neige - First snow

    Première neige - First snow

    Yahoo! Google Bookmarks

    13 commentaires
  •  

    Votre feuilleton du week-end : Les Soeurs Pochon - 3

     

    « …Dites-moi madame Goinit… » Adèle fit signe à l’ancienne charcutière de s’asseoir dans l’un des fauteuils de son boudoir et prit place dans l’autre. Le cube laqué trônait, bien en vue, sur la console. Mais la vieille femme n’y prêta pas attention. « …vous qui étiez commerçante dans ce quartier, vous deviez connaître les demoiselles Pochon…
    — … de vue. Ce n’était pas de grosses clientes. Et puis elles envoyaient la bonne faire les courses.
    — Mais vous en entendiez parler ?
    — Oh ! La, la ! Que oui ! Mais il y a longtemps parce que après la mort de mademoiselle Sixtine elles ne sortaient plus. Et même avant, quand elle est tombée malade.
    — De quoi souffrait-elle ?
    — Je m’en rappelle plus… de leucémie, peut-être.
    — Que disait-on d’elles ?
    — Le pire et le meilleur. C’était que des ragots.
    — La dernière survivante aurait tout vendu pour aller finir ses jours loin d’ici. Savez-vous pourquoi ?
    — Ce n’est que mon avis. J’étais pas dans sa tête. Je crois que mademoiselle Hélène ne supportait plus de vivre dans une maison trop pleine de souvenirs et si vide de présences. Elle n’avait plus personne, juste une femme de ménage qui venait deux ou trois fois par semaine.
    — Pourtant elle était riche…
    — A la fin, non. Mesdemoiselles Pochon n’avaient jamais travaillé. Elles ne vivaient que de leurs rentes qui s’épuisaient. Le bruit a d’ailleurs couru que mademoiselle Hélène aurait surtout hérité de dettes.
    — Savez-vous où elle est partie ?
    — A Menton ou à Cannes… ou bien dans une pension de famille du côté de Saint-Rémy-de-Provence. Je sais plus !
    — Elles devaient avoir de la famille, des cousins ?
    — Pas du côté Pochon. Monsieur Alfred n’avait ni frère ni sœur et ses parents non plus. Sans doute du côté des Le Chahier. Ils étaient de la Loire Inférieure.
    — Du même milieu, je présume.
    — Oh ! Non ! A ce qu’on disait ils faisaient pas de manière, eux. Madame Marc Antoine, qui était « aristo » regardait madame Alfred de haut, à ce qu’on racontait. Pourtant madame Alfred s’était démenée pour soigner sa belle-mère.
    — C’est-à-dire ?
    — La vieille souffrait d’anémie. Les Le Chahier lui auraient fait consulter un docteur de Nantes qui l’aurait envoyée suivre des cures d’eau ferrugineuse à Préfailles.
    — Préfailles ?
    — C’est au bord de la mer, quelque part par là. Il y avait une célèbre source ferrugineuse. (Madame Goinit rit soudain à l’évocation d’un souvenir qui lui traverse l’esprit.) Entre nous ç’avait dû lui réussir parce que du temps des Pochon le château s’appelait l’hôtel Préfailles !
    — Mais l’hôtel avait été construit bien avant.
    — Peut-être. Je sais plus. C’est possible que je me trompe. A moins qu’elle ait été conseillée par ce monsieur Bourasseau de Saumur qui aurait fabriqué de la limonade avec l’eau de la source… 

    Votre feuilleton du week-end : Les Soeurs Pochon - 3


    De confusions en défaillances de mémoire, l’ancienne charcutière ne pouvait apporter davantage de précisions et Adèle Hermenier fut obligée d’admettre que sa quête se terminerait là. Quant aux Le Chahier, qu’aurait-elle à leur demander ? Des confidences familiales ? A quel titre ? Ils ne l’entendraient pas. Rien ne prouvait pour le moment qu’ils fussent les héritiers du laque. Elle devait d’abord tenter de résoudre cette énigme qui risquait de ne jamais être éclaircie.


    Elle eut la tentation de ranger l’œuvre d’art dans sa boîte par crainte de se la faire voler. Mais elle invitait très peu de personnes à pénétrer dans cette pièce toujours fermée. La femme de ménage y entrait une fois par mois et elle avait toute confiance en elle. Catherine était une perle, presque une amie, qu’elle n’aurait échangée contre personne. Depuis un an qu’elle venait chez elle, elle l’appréciait de plus en plus. Elle était une jeune femme discrète, d’une élégance naturelle, compréhensive, dévouée, qui, néanmoins, ne cachait pas ce qu’elle pensait, et qui excellait dans toutes les tâches ménagères. Elle lui demanderait juste de manipuler le laque avec précaution.


    Ce jour-là Adèle eut à peine le temps de déjeuner avant d’ouvrir le salon de thé, vite rejointe au comptoir par Alice qui commençait à se plaindre de sa nièce Esméralda. Les conflits portaient sur ces riens qui empoisonnent la vie quotidienne.


    NB : Ceci est une fiction

    Yahoo! Google Bookmarks

    15 commentaires
  • Si vous ne les aviez pas vu hier...

    If you had not seen them yesterday...

    Les canards - The ducks


    Yahoo! Google Bookmarks

    8 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires