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    La mère de papa, sa grand-mère et sa soeur  ont vécu le débarquement sous les bombes ; miraculeusement sauvées, avec une voisine, par la cage d'escalier dans laquelle elles s'étaient réfugiées et dont elles étaient restées prisonnières. Lorsque les sauveteurs les délivrèrent, elles découvrirent avec stupeur qu'il ne subsistait plus rien ni de leur maison ni des camions allemands qui stationnaient sur la place. Rien, qu'un énorme trou !

    Parmi les décombres de sa demeure grand-mère récupéra le meccano intact de papa, une toile de petit maître normand, qui lui venait de son grand-père, crevée et noircie par les explosions, et quelques menus objets. Puis, riche de ces pauvres reliques, elle fuit sur les routes avec sa fille, en poussant notre arrière-grand-mère dans une brouette !

     

     

    Je vous conseille aussi de lire le témoignage très émouvant de la maman de Lylytop qui a vécu les bombardements de la Manche et l'exode :

     

    Elle avait 10 ans et 4 mois

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    Pendant cette période si riche de témoignages du côté maternel, nous ne savons presque rien de la famille de papa. Sa mère et sa soeur vivaient sans doute dans la Manche, peut-être déjà  à Saint-Sauveur-le Vicomte. Lui-même a quitté le Maroc en février 1944, envoyé en renfort sur le théâtre d'opérations en Italie. Après avoir passé la frontière algéro-marocaine, son régiment de tirailleurs marocains embarqua à Oran pour débarquer à Naples le 3 mars 1944. La suite, la campagne d'Italie, le débarquement en Provence (pour lui, Sainte-Maxime le 25 août 1944), puis la reconquête de l'Est de la France, Rachid Bouchareb l'a magnifiquement raconté dans son film "INDIGENES" qui est aussi un excellent documentaire. Bien qu'il décrive le combat des tirailleurs algériens, le parcours et les conditions de vie sont identiques.




     

    Le débarquement en Normandie, papa l'a appris depuis l'Italie. Je lui laisse la parole :

     

    Le 6 juin 1944 je faisais partie du corps expéditionnaire français en Italie, commandé par le général JUIN. Ce corps expéditionnaire était intégré à l'armée américaine (4ème armée, je crois sous les ordres du général américain CLARK ). J'étais dans la 2ème division marocaine, sous les ordres du général DAUDY.

    Ce 6 juin nous venions d'être mis au repos à une trentaine de Kilomètres au nord de Rome qui venait d'être libérée. Je me souviens que nous bivouaquions entre les rangs de vigne. Ces rangs étaient très écartés ce qui permettait de faire des cultures dérobées entre les rangs. La vigne était palissée en cardons à une hauteur d'environ 1,70 m et nous protégeait un peu des rayons du soleil. A proximité de nous se trouvait un véhicule de commandement de la division équipé de radio et qui recevait toutes les nouvelles. Il y avait toujours quelqu'un pour aller aux renseignements. Et ce 6 juin, un copain qui savait que j'avais de la famille dans la Manche, accourut pour me dire qu'il y avait eu un débarquement par là. Je me rendis aussitôt auprès du véhicule et justement il était question de Saint-Sauveur-le-Vicomte où justement résidaient ma mère et ma grand-mère ainsi que ma soeur. Grande inquiétude pour moi, sans nouvelles. Nous ne devions entrer en contact que bien plus tard, quand nous serions en opérations en France, avec la 1ère armée française.

    Nous restâmes au repos jusque vers le 15 juin. Le 10 juin le pape Pie XII nous reçoit en audience. Il nous fallut attendre assez longtemps et il ne nous resta que peu de temps pour visiter la ville éternelle. Voilà ce dont je me souviens, mais je ne me rappelle pas avec certitude de tous les noms de lieux.

    Les tirailleurs marocains à Rome

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    Au début de l'année 1944 maman avait reçu cette courte lettre de l'Oise, comme un message d'espoir. Quelque chose se préparait pour bientôt. Malheureusement, sauf celles en provenance d'Angers, quels que soient ses correspondants, les missives se sont taries. Les aurions-nous jetées par mégarde en vidant le grenier familial ? Ou bien les envois postaux étaient-ils désormais trop perturbés pour des échanges suivis ? A moins que...

     

    Il me reste le vague souvenir d'une jeune femme qui nous accompagnait à la plage dans ma petite enfance, et que mes parents nous désignaient comme une héroïne de la Résistance réchappée des camps de concentration. Quoi qu'il en soit, nous ignorerons donc comment les uns et les autres ont vécu la libération.

     

     

    Dans la nuit du 28 au 29 mai 1944 un immeuble, qui appartenait à la famille de maman, avait été bombardé en même temps que la gare d'Angers. Le cabinet immobilier chargé de la gestion des appartements en informa mon grand-père en ces termes : Nous avons le regret de vous aviser que votre maison (...) a beaucoup souffert  du bombardement. Pour le moment nous vous signalons un aperçu : la couverture, les portes et les fenêtres sont défoncées. Tous les locataires ont quitté la maison.
    Actuellement il ne nous paraît pas possible d'envisager aucune chose et surtout sans avoir votre avis.

     

     

     





    Hélas ! Contrairement aux voeux de tous, l'été 1944 ne sera pas encore celui du retour estival de nos vacanciers à Préfailles car bientôt notre petite station balnéaire se retrouvera prise dans la nasse de la Poche de Saint-Nazaire...

     

     

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