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Le feuilleton hebdomadaire 10
9 mars 2010
A force de cliquer de fenêtre en fenêtre, j’ai fait un cauchemar cette nuit. J’occupais un grand appartement biscornu, sans aucun mur en angle droit, et qui ne présentait d’autre ouverture que deux ou trois entrées, dont la principale –de la dimension de celle d’un entrepôt- était dépourvue de porte. Elle débouchait sur une sorte de sous-sol sombre, parcouru de larges couloirs. Tout le monde pénétrait chez moi à sa guise. Dépassée, je ne maîtrisais rien. Je craignais d’autant plus les voleurs que personne ne m’écoutait.
Quel rêve étrange ! Des portes, des inconnus qui circulent à travers ma demeure… Ne serait-ce pas une métaphore de mon blog ?
10 mars 2010
Claude commence à publier un historique des sports d’hiver. Sa prose est on ne peut plus d’actualité, car après avoir skié dans les rues de Perpignan, on patine en Corse ! Et cette saison, rares ont été les régions à ne pas profiter de la neige. Mars qui rit malgré les giboulées de flocons semble bien mal préparer le printemps. Le soleil donne l’illusion que la belle saison est déjà installée. Mais à peine met-on le nez dehors que l’hiver reprend ses grands airs et que sa bise nous brûle le visage !
Comme je l’avais prévu, Lucullus a fait le plein d’idées de décorations et de recettes dans le goût savoyard. Elle a remanié le design de son blog dans le style chalet (broderies rouges au point de croix sur fond blanc et l’inverse, carreaux rouge et blanc, cœurs, chamois, sapins, etc.) et elle déroule des menus alpins à n’en plus finir. Sans compter les boissons : vins chauds, tisanes, sirops de genepi, myrtille ou violette. Et bien sûr, la recette du fameux gâteau de Savoie !
Depuis quelques jours mamoureuse a disparu sans explications. Que lui arrive-t-il ? Un chagrin d’amour ?
Le toujours jeune homme du premier reçoit ses parents en ce moment. Des gens qui ont à peu près mon âge, polis et souriants. Sa voisine de palier ne sort guère par ce vent glacial. Elle paraît fatiguée depuis son retour.
11 mars 2010
Est-ce possible ? Yvan serait hospitalisé à la suite d’un malaise, m’apprend mon beau-frère. Yvan, ce solide gaillard, redoutable en affaires, déterminé à croquer le monde entier si l’occasion venait à se présenter, n’a pas supporté son déplacement professionnel en Vendée. Plutôt ce qu’il a pu voir là-bas : les carcasses en décomposition des animaux noyés qu’aucun engin ne peut encore venir retirer ; les traces des efforts désespérés des victimes qui ont essayé de casser leur plafond pour s’échapper par le toit. Entre télé et réalité s’ouvre parfois un abîme, le rappel sans ménagement que personne n’est invulnérable et que rien, jamais, n’est définitivement acquis. Il arrive ainsi à nos Tarzan de la jungle économique de se crasher contre le néant de leurs certitudes dans notre société si attachée au principe de précaution et si soucieuse de sécurité !
Je crois qu’Yvan se remettra assez vite et que cette expérience douloureuse lui aura permis de mûrir. Sache que tante Alice compatit, cher neveu !
N.B. Ceci n'est pas un journal intime mais une fiction.
Ne serait-ce pas souris ?
Tags : mars, sans, serait, 2010, personne
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