• Le feuilleton hebdomadaire 12

    Le blog de la voisine (base)


    21 mars 2010

     

    Mon article est prêt, illustré par les vues de l’été suivant, un peu plus originales que les premières qui se résumaient à une succession de plages uniformes. J’avais un nouvel appareil qui me permettait de mieux cadrer mes sujets et me donna le goût de les varier : cabanes d’ostréiculteurs, bateaux dans le port de Boyardville et des villas de différentes époques et de tous styles. Pourtant je disposais de peu de loisirs car j’avais accepté un travail de vendeuse en librairie durant les vacances universitaires. Des messieurs revenaient me féliciter pour mes choix littéraires.  La libraire s’en amusait et me disait  « eh bien ! Alice, eh bien ! » d’un air entendu, comme si elle me soupçonnait de faire du charme à ses clients. Je ne retrouvais plus mes amis qu’une fois ou deux par semaine.

    Bien des choses avaient changé en une seule année. A la stupéfaction générale nous apprîmes le mariage précipité de Marie-Elisabeth pendant l’hiver. Ce qui fit jaser dans notre Landerneau. Elle promenait sans complexe son bébé joufflu et gazouilleur. Elle avait abandonné notre cercle pour celui des adultes et se contentait de nous saluer de loin en loin.  La sœur de Valentin venait de se fiancer au futur notaire. Par chance ma cousine Sylvie séjournait en Afrique dans un dispensaire de brousse avec plusieurs élèves infirmières de sa promotion. Cela amortirait le choc… Valentin, nouveau bachelier, allait entrer dans l’agence bancaire de son oncle. Imaginez Richard Berry derrière un comptoir ! Quelle surprise ! Je l’aurais davantage vu marin ou grand reporter. Libre voyageur.  Il paraissait toutefois satisfait de son sort futur.  Dorénavant nous avions tous quitté le système scolaire, que nous soyons étudiants ou nouveaux salariés.

    (Il y a dix ans j’ai appris par hasard la mort de Valentin, toujours célibataire. Est-ce que… Non, ce doute est ridicule. Depuis tant d’années il devait m’avoir oubliée lui aussi.)

     

    25 mars 2010

     

    Une fois n’est pas coutume, je me suis rendue à la bibliothèque municipale dans l’intention de feuilleter diverses revues. Depuis des années tout ce qui est intellectuel me rebute. C’est pourquoi je me cantonne à quelques magazines féminins, voire aux bandes dessinées. Il s’agit surtout de passer un agréable moment dans le calme et de me distraire au spectacle des lecteurs. Notre voisine du premier étage était installée à une table entre les sections histoire, géographie et linguistique. Elle remplissait les feuillets d’un calepin au milieu de volumes ouverts étalés autour d’elle, si absorbée par son étude qu’elle ne m’a pas remarquée. Là, je l’ai découverte sous un jour nouveau. Jusqu’ici je lui attribuais pour seules occupations son chien et sa popote. Comme quoi les apparences sont parfois trompeuses.

     

    N.B. Ceci n’est pas un journal intime mais une fiction.

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