• Le feuilleton hebdomadaire 27

     

    Le blog de la voisine (base)

     

     

    4 juillet 2010

     

    Je pensais qu’avec deux femmes au rez-de-chaussée notre tranquillité était acquise. Funeste erreur ! Leur famille a débarqué au milieu de la nuit. Rires en cascade. Portières claquées. Et notre sommeil vole en éclats. Et les angoisses nocturnes se ravivent. Ce sifflement dans ma poitrine. Mon cœur s’affole à en mourir. Non point que cette perspective m’effraie ; mais que deviendrait mon petit Varech seul dans l’appartement ? Combien de jours s’écouleraient avant que quiconque ne remarque ses va-et-vient à la fenêtre ou ses timides aboiements ? Car il se manifeste peu. Y aurait-il une personne de confiance pour le recueillir et le soigner comme je le fais ?

     

    6 juillet 2010

     

    Beaucoup d’animation depuis trois jours. Les neveux H. se sont répandus à travers le jardin en terrasses attenant à leur appartement. Par chance ils font la grasse matinée et la sieste. En soirée les enfants répètent leurs leçons de violon sous la férule de leur père. Intransigeant. Il va les dégoûter de la musique. Que mes oreilles souffrent ! Les plus jeunes tournent autour de Varech. Mais il se méfie de leurs gestes imprévisibles.

    Je vais essayer de trouver un peu de tranquillité dans le jardin public à deux pas d’ici. Ce sera l’occasion de me replonger dans ce vieil Hérodote que je néglige depuis belle lurette.

    19 h – Autant de mouvement dans le petit square qu’ici. Cela rit, piaille, court en tous sens, à vous donner le vertige, alors que personne ne le fréquente les neuf dixièmes du temps. Il était impossible de se concentrer. Il ne me restait donc plus qu’à me divertir des jeux enfantins.

     

    7 juillet 2010

     

    Melle H. aurait l’intention d’acheter l’appartement qu’elle loue, m’a affirmé le bavard d’en face.

     

    8 juillet 2010

     

    Hérodote écrit : « [Artabane]… s’étant aperçu que XerXès pleurait lui tint ce langage : «  Ô roi ! Comme soudain tu diffères de toi-même ! Après t’être à l’instant estimé heureux, voici que tu pleures ? » L’autre répondit : « Il est véritable qu’il m’est venu au cœur une compassion grande en pensant combien est brève toute existence humaine, puisque de tous ceux-là qui sont si nombreux [les soldats de son armée –NDL], nul ne vivra dans cent ans. » (Les histoires XLVI)

    Sur qui s’épanchait ce roi cruel et sanguinaire qui ne cessa de répandre la mort autour de lui au Ve siècle avant JC ? Sans doute davantage sur sa destinée et le monde auquel il était attaché que sur celle des milliers d’hommes qu’il n’hésita pas à sacrifier à sa gloire et à son ambition. Il est probable que Xerxès venait, dans une fulgurance, de prendre conscience de la vanité de toute entreprise humaine. Le temps abolit tout. La poussière se mêle à la poussière. Après des siècles, le sang des ennemis d’hier s’unit dans leur descendance. Celui du maître se confond avec celui de l’esclave à l’insu de leur postérité, noyés au milieu de nos ancêtres innombrables. La famille est un leurre, une succession de liens fugitifs que le hasard des rencontres ou des us noue et dénoue au fil des générations...

    16 h – Mignon. La sonnette retentit. Derrière ma porte se tient l’un des petits-neveux, droit comme un piquet, un peu embarrassé. Puis, hardi soudain : «  Il est où ton monsieur, madame ? » au moment où sa mère débouche, le souffle coupé :  « Nicolas ! Cela ne se fait pas ! Excusez-nous madame. »

    En vérité je soupçonne Nicolas d’avoir inventé ce prétexte pour voir mon chien ! ;o)

     

    N.B. ceci n'est pas un journal intime mais une pure fiction

     

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