• Le feuilleton hebdomadaire 41

     

    Le blog de la voisine (base)

     

    10 octobre 2010

     

    Mademoiselle H.  ne manque ni d’idées ni de projets, voire de folies qu’elle nous a assénés en vrac hier après-midi. Désormais propriétaire de son appartement, elle peut en user à son gré et entend apporter un peu d’animation dans notre immeuble qui en est dépourvu. Elle projette de mettre en valeur la loggia qui surplombe son jardin et, au-delà, le val en contrebas. Elle nous y avait d’ailleurs installés, le jeune vieux garçon, Sébastien, sa mère et moi. Comme à son habitude, notre voisine du premier a décliné l’invitation sous un prétexte quelconque. Nous l’avons tous regrettée.

    Melle H. aimerait ouvrir chaque week-end un salon de thé informel dans l’espace du bow-window. Divan en demi-cercle et fauteuils moelleux sont d’autant plus accueillants qu’elle les a choisis avec une assise haute en prévision d’une clientèle plutôt âgée. Elle se propose de servir thé, chocolat ou orangeade devant les rayons de sa bibliothèque. Chacun pourrait y consulter les ouvrages de son choix.

    Madame mère appuie les suggestions de sa fille. Surprise ! Notre voisin du premier étage s’enthousiasme. Je ne l’en aurais jamais cru capable. Le voilà lancé dans une véritable logorrhée de littérateur. Il s’offusque de la substantivation systématique  des acronymes dans l’œuvre d’Untel que lui-même qualifierait de suite de romans de gare ! Waouh ! Quelle superbe glissade tirade bien contrôlée ! Sauf Melle H. jamais prise au dépourvu, nous en restons sans voix. Côtoyions-nous donc un bobo sans le savoir ?

    Mais ce n’est pas tout. Melle H., décidément accro de culture, envisage aussi, à plus ou moins long terme, d’exposer les œuvres de jeunes artistes prometteurs dans son hall d’entrée. Le tout dans un esprit amical. Et puis encore : que penserions-nous d’un salon littéraire une fois ou deux par mois ?

    Nous ne savions plus que dire, si tant est que nous arrivions à placer encore un mot. Sébastien, de toute évidence se fichait de ces élucubrations de « vieux ». L’exaltation de notre bobo s’amplifiait à chaque proposition nouvelle. Mme H. y voyait une source de distractions variées, elle qui ne sort plus guère. Pour ma part, je crains surtout que nous y perdions notre tranquillité. J’objectai que l’éloignement de notre quartier risquait de compromettre ses plans. Mais Melle H. ne manquait pas d’arguments. Elle fit valoir ses relations, la beauté du panorama, l’historique de notre hôtel particulier, le concept chaleureux de l’accueil familial qu’elle préconisait…

    Bref nous avons quitté les dames H.  et leur tea party la tête quelque peu chamboulée.

     

    N.B. Ceci n'est pas un journal intime, mais une fiction.

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