• Le feuilleton hebdomadaire 50

    Le blog de la voisine (base)

     

     

    12 décembre 2010

     

    Il serait mal venu à moi de nier les moments de bonheur partagé. Ils ne manquaient pas. Je me rappelle les longues tablées sous la véranda d’où s’envolaient des rires échappés du milieu des conversations. Il y avait les heures molles de la plage à l’abri des parasols, nos bavardages entrecoupés de baignades, les jeux des enfants assis sur la pelouse à l’abri des fusains, le voile mouvant des averses sur la mer en furie.

    Sans trahir quoi que ce soit de l’intimité familiale, je dispose d’assez d’instantanés pour illustrer une dizaine d’articles : parties de pêche au carrelet, voiliers (de près, de loin, en régates), la mer, le jardin, les corolles de parasols alignées en haut de la plage, etc. Mon blog sera saturé jusqu’à Noël !

     

    13 décembre 2010

     

    Parmi les vieux documents conservés en vrac dans un coffret, j’ai retrouvé le portrait de Dominique en soutane, souriant, le visage encore juvénile. Un été le dernier frère d’Alphonse avait jeté le trouble en annonçant sa résolution d’entrer chez les Frères des Ecoles Chrétiennes. Sa mère, fervente catholique, avait fini par accepter sa vocation. Mais pendant une semaine elle avait caché ses yeux rougis derrière des lunettes noires. Son père avait contenu sa déception. Chacun savait qu’il avait beaucoup misé sur son benjamin, doué en maints domaines, ardent, espiègle, le plus prometteurs de ses fils.

    Dominique appartient à ces êtres rares dont la seule présence apaise et illumine une assemblée. La plupart d’entre nous, dans leurs relations sociales, se prêtent plutôt qu’ils ne se donnent par crainte, sans doute, de trop se dévoiler. Lui s’investit tout entier dans l’écoute d’autrui et se livre sans détour. Il ne juge pas. Jamais, depuis que nous avions cessé de pratiquer notre religion, Alphonse et moi, il ne fit la moindre remarque ou nous adressa un quelconque reproche. Il aurait pu réaliser de grandes choses. Mais, affirmait-il, il faut apprendre à être grand dans les petites ; c’est l’exercice de toute une vie.

     

    15 décembre 2010

     

    Après la neige, le verglas ! Quel automne ! Car, faut-il le rappeler, nous ne sommes pas encore en hiver.

     

    16 décembre 2010

     

    Enfin j’ai réussi à attirer Claude R. chez moi ! Il lui était difficile de refuser alors qu’elle passait devant ma porte.  A son habitude, elle a tergiversé pour tenter de s’esquiver. Or, au même instant Melle H. arrivait. Elle tombait à point. Nous nous sommes retrouvées toutes les trois dans mon salon autour d’un thé brûlant.

    Melle H. est revenue sur son projet. Elle pense le concrétiser au printemps prochain, quand les arbres fruitiers de son jardin seront en fleurs et qu’elle aurait réglé les questions d’ordre administratif.

        Cependant, objecte Claude R., notre quartier est éloigné du centre. Qui viendra jusqu’ici ? Et puis, où se gareront les automobilistes ? Personnellement je ne tiens pas à voir la propriété envahie par les voitures !

        Eh bien, nous en ferons un but de promenades pédestres, rétorque Melle H. que rien ne désarçonne.

        Croyez-vous cela ? reprend Claude R. Aujourd’hui plus personne ne veut marcher !

        Il suffira pour les convaincre de leur en donner le motif. Nous pourrions miser sur l’aspect historique de l’hôtel et du faubourg.

    J’interviens à mon tour :

        L’intention de Madame, si je ne me trompe, n’est pas d’ouvrir stricto sensu un salon de thé, mais plutôt d’accueillir des invités dans le cadre familial.

        Certes, loin de moi l’idée d’attirer les foules. En réalité je recevrai en comité ceux qui voudront se retrouver pour déguster boissons et gâteaux maison, tout en parlant d’art et de littérature. Et ce, uniquement pendant le week-end.

        L’art et la littérature dans ce bled, réplique une nouvelle fois notre voisine du premier, doivent être le dernier des soucis…

        Ne vous fiez pas aux apparences... De plus, je dispose de deux atouts : mon prénom et la présence de l’écrivain qui ajoutera du piment à ces réunions informelles.

        Votre prénom… ?

        Tout à fait. Adèle. Adèle H.

        Pourquoi pas, mais… l’écrivain, où irez-vous le dénicher ?

        Pas bien loin, croyez-le. Et beaucoup plus connu que vous ne l’imaginez ! s’enthousiasme Melle H.

        Ah bon ! nous exclamons-nous en chœur Claude et moi, stupéfaites de ses ressources.

     

    N.B. ceci n'est pas un journal intime, mais une fiction.

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