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    Le blog de la voisine (base)

     

     

    13 septembre 2010

     

    Suite à l’échange de nos numéros de téléphone, rendez-vous avait été fixé à la mi-juillet dans l’une de ces cabanes d’ostréiculteurs transformées en restaurants de fruits de mer. Tout en contemplant le port de Saint-Trojan, j’attendais un peu anxieuse l’arrivée de cette quasi-inconnue. Savons-nous jamais ce que cache un pseudonyme ? Nous construisons une image de nos interlocuteurs invisibles influencée à la fois par leurs articles et les repères de notre milieu. Tatiana avait à peu près mon âge. Mais je l’imaginais plutôt jeune, un rien négligée, en jean et parka, sa chevelure brune au vent.

    En réalité, ce fut une femme rondelette qui poussa la porte avant l’heure d’affluence. Elégante, blonde platine, sans hésitation elle avança vers la table que j’occupais et se présenta. D’emblée elle me mit à l’aise. Elle était de ces personnes qui se livrent sans affèterie ni arrière-pensées.

    A l’apéritif nous avons évoqué nos années de jeunesse. Il se confirma que nous avions fréquenté les mêmes plages. Cependant – nous en avions dorénavant la certitude – nous ne nous connaissions pas alors. Ce n’est qu’à travers les propos de relations qu’elle avait entendu parler de certains de mes amis. Elle citait des noms, évoquait des détails. Ces renseignements remontaient au plus à dix ans, assura-t-elle.

    Au milieu du repas elle m’apprit que la sœur de Valentin avait rompu ses fiançailles avec le futur notaire pour entrer au Carmel ! Celui-ci, à l’issue de son droit, avait opté pour le journalisme. Il était grand reporter et se déplaçait sur le théâtre d’opérations militaires dans le monde entier. Je n’en revenais pas, abasourdie. Qu’avait-il donc pu se produire pour provoquer de tels revirements ? La sœur de Valentin, je me le rappelle, brûlait pour ce garçon. C’est… incompréhensible !

    De son côté Marie-Elisabeth avait divorcé pour se remarier avec un marchand d’art africain. Au grand dam de sa famille. Elle partage sa vie entre Dakar, Paris et Rome.

    Et ce jeune homme blond, le flirt de Sylviane, qu’était-il advenu de lui ?  Tatiana scrutait sa mémoire. Non, elle confondait. En revanche elle avait entendu dire qu’Annik, une jeune fille d’apparence quelconque, modeste secrétaire, avait grimpé tous les échelons de son entreprise jusqu’à en prendre la direction. Une lionne, paraît-il.

    Tatiana avait des obligations. Elle devait quitter Oléron le lendemain. Nous nous sommes séparées avec promesse de nous revoir à Pâques sur notre île bien-aimée.

     

    14 septembre 2010

     

    Je suis sortie perturbée par notre dialogue. Mon existence ainsi que celle des membres de ma famille se révélait bien fade, trop conforme au destin prévu. Persuadée depuis toujours que le devenir de chacun d’entre nous ne s’écarterait jamais de ce que nous en attendions. Des vies rectilignes, à peine troublées par de rares accrocs. Se marier –s’établir, disait-on – puis vivre selon l’alternance des vacances à la mer, du travail, des occupations citadines, dans un milieu aisé, à l’abri de la gêne. Ensuite il y aurait les enfants, petits, adolescents, adultes. Et reviendrait le temps des mariages ; se poursuivrait la succession des générations…

     

    17 septembre 2010

     

    Foin des regrets ! A soixante ans il faut aller de l’avant, sinon gare à la nostalgie ankylosante !


    N.B . ceci n’est pas un journal intime mais une fiction

     

     

     

     

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    5 septembre 2010

     

    On rentre chez soi après une longue absence ; on retrouve l’appartement assoupi dans la pénombre blonde de l’après-midi. Le soleil répand une mince lueur dorée le long des jalousies. La masse sombre des meubles donne un sentiment d’abandon séculaire.

    J’ai posé mes bagages en tas près de l’entrée pour m’affaler entre les bras du fauteuil le plus proche. Un insecte bourdonne au plafond. Ne se croirait-on pas au cœur de l’été ? Seigneur, qu’il me coûte de sortir de ma torpeur béate quand tout invite à l’oisiveté !

     

    6 septembre 2010

     

    Pourquoi suis-je aussi joyeuse de retrouver ce quartier qui me lassait avant de partir ? Pourtant rien n’a changé. Notre voisine du premier étage sort son petit chien à heures régulières ; Sébastien monte et descend l’escalier quatre à quatre comme à son habitude ; le quadragénaire du premier est toujours aussi inconsistant et les dames du rez-de-chaussée ont pris leurs marques dans leur nouvel appartement. Quel bouleversement espérer dans ce coin perdu ? Toutefois quelque chose diffère, que je ne parviens pas à déterminer…

     

    7 septembre 2010

     

    Ces « vacances » ont été merveilleuses ! Soleil, sable, marché près du port, promenades à travers les pinèdes, bains et farniente, farniente, farniente. Le temps estival se maintient. J’aurais pu prolonger mon séjour d’une semaine. Mais les villas alentour se vidaient une à une et je me sentais de plus en plus isolée. Toutes sont des résidences secondaires qui resteront fermées au moins jusqu’au printemps, voire davantage. Impossible de vivre là-bas à l’année.

     

    8 septembre 2010

     

    10 h -Je ressens un manque.  Lequel ? J’ai beau réfléchir, je ne trouve pas. Perdrai-je la mémoire ? Alors, c’est inquiétant !

    22 h – Mais oui ! Bien sûr ! Cet homme agité qui passait chaque matin sous nos fenêtres a disparu ! Il arrive que choses et êtres soient si incrustés dans notre quotidien qu’ils ne se révèlent plus que par leur absence… D’où venait-il ? Nous ne le saurons sans doute jamais.

     

    9 septembre 2010

     

    C’est le scandale de la rentrée. De ceux qui ne peuvent éclater que dans la province profonde : la gazette du faubourg aurait enlevé les chats pour les relâcher à la campagne ! Quelle affaire ! Le quartier est en émoi depuis que le bruit s’en est répandu.  Le jeune couple du bout de la rue est venu réclamer à corps et à cris son Rominet évaporé ! La mère boudin (ainsi surnommée en référence à son ancienne profession de charcutière) a accouru alarmée par le tapage. Et son Fifi, alors ? Bientôt il y eut un attroupement de maîtres spoliés par l’inquisiteur local qui, après quelques éclats de révolte fut à ce point submergé par les accusations qu’il ne trouvait plus rien à répliquer ! Ces protestations groupées ramèneront-elles les chats ?

     

    10 septembre 2010

     

    L’insistance de Tatiana, son obstination à vouloir me rencontrer ont eu raison de ma volonté. Malgré moi elle a échappé à l’univers virtuel des relations blogosphériques. Je ne regrette pas notre entrevue. Certes, au contraire de ce dont elle se persuadait, nous ne sortions pas ensemble dans les années 70, bien que nous nous soyons croisées maintes fois, c’est sûr. Cependant, de loin en loin, par ouï-dire, elle a recueilli des nouvelles de plusieurs membres de notre bande d’amis, assez inattendues.

     

    N.B. Ceci n'est pas un journal intime, mais une fiction

     

     

     

     

     

     

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    30 août 2010

     

    Ici docteur – couic- Ici docteur – couic. Je triche ? Je suis docteur des cœurs bien sûr ! Confiez-moi vos chagrins les meufs ! LOL - Compassion assurée !

    Linka ? Ah oui ! Linka ! Je la cache dans un coin de mon cœur éperdu d’amour. Ma petite fleur chérie, ma DAME à qui je dois respect et courtoisie. Elle vit dans mon jardin secret. Ouste ! Dehors les kiffeurs !

    Pour vous distraire, un clip des Mégaoctets !

     

    31 août 2010

     

    Nounours a sorti ses griffes hier soir. Il est venu gratter à ma porte. Super poli. « Excusez-moi, auriez-vous l’obligeance de baisser le son ? » Faut dire qu’on y est allé un peu fort. Le ton monte. La musique monte. Le ton monte encore. On ne s’entend plus. Je n’avais même pas remarqué Papy  je-sais-tout qui gueulait en bas :

     J’appelle les flics !

    Lulu qui était un peu paf lui a lancé :

    — C’est ça, voleur de chats !

    — Quoi ?

    — On vous a vu ! On vous a photographié avec nos portables !

    — Quoi ? Quoi ! C’est interdit !

    Il a failli s’étrangler avant de rentrer à la maison la queue entre les pattes. Wouaf ! Wouaf !

     

    2 septembre 2010

     

    Je m’y attendais. Papy  Grognon m’a accroché au passage :

    — Qu’est-ce que c’est que ces embrouilles ? Qu’est-ce que tu as raconté ?

    — Rien ! On vous a tous vu ! Les chats sont peut-être déjà dans votre congélateur ? (Sourire entendu).

    — De quoi j’me mêle ? Mon gars, quand tu auras un jardin tu verras, si les chats viennent foutre tes plates-bandes en l’air ! Ils sont du côté de la Bessonnière. Tu peux aller vérifier, ça t’occupera !

    — Je me demande ce que dira la dame du rez-de-chaussée…

    — Celle-là ! Elle ne se prend pas pour rien ! Riche comme Job…

     …Crésus…

    — Insolent !

    J’ai préféré prendre le large avant l’échange de baffes.

    Allez, on oublie ! Et en voiture pour un tour !

     

    Ainsi va l’été finissant. Le quartier est repeuplé. Les marronniers jaunissent. Quelques  hirondelles se regroupent au bord des toits. Claude R., Mme et Melle H. sont de retour. Bientôt notre voisine blogueuse (qui est peut-être aussi la vôtre) retrouvera son petit univers, identique à ce qu’il était lorsqu’elle l’a quitté.

     

    N.B. Ceci n'est pas un journal intime mais une fiction 

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