• Votre feuilleton du week-end : Les Soeur Pochon - 1


    Plusieurs décennies durant les enfants Pochon, en particulier les demoiselles Pochon, alimentèrent les commérages du bourg et de ses environs. A la fois parce qu’ils appartenaient à une classe fortunée qui nourrit les fantasmes de ceux qui ne peuvent y atteindre, mais surtout à cause de leur anticonformisme qui frisait l’extravagance. Ce trait s’accentua de façon manifeste après la disparition de leurs parents dans un accident automobile, au début de la Seconde Guerre Mondiale.


    Aujourd’hui qui se les rappelle ?  Le temps a érodé les souvenirs des anciens, et les plus jeunes n’en retiennent qu’un nom associé à la grande demeure du faubourg qui, croient-ils dans leur ignorance, fut autrefois un hôtel de voyageurs. Pourtant une vie intense anima l’imposant immeuble jusqu’à ce que les infirmités de la vieillesse ne contraignent ses dernières propriétaires à réduire peu à peu le cercle de leurs relations et la fréquence de leurs sorties. Les seules traces tangibles qu’ait laissées la famille Pochon (hormis l’hôtel particulier qui porte son nom) figurent à l’état civil, sur les registres paroissiaux, les actes notariés et quelques stèles du cimetière.


    Votre feuilleton du week-end : Les Soeur Pochon - 1L’hôtel Pochon, cette merveille d’outrance néo baroque, fut édifié à la fin du dix-neuvième siècle pour leur aïeul Marc Antoine Pochon. Peut-être celui-ci voulu-t-il éblouir son épouse née Adélaïde du Rhiu, dernière descendante ruinée des seigneurs du lieu ?


    Sur une antique pierre tombale rongée par les intempéries et couverte de mousse, les passants peuvent encore déchiffrer :


    Marc Antoine Pochon 1838-…
    Adélaïde Pochon n… d. R… 1…-192.


    Plus loin, le caveau familial des Pochon indique la généalogie des plus récentes générations :


    Charles Pochon 1909-1910
    Marguerite Pochon 1906-1919
    Alfred Pochon 1875-1940
    Eugénie Pochon née Le Chahier 1886-1940
    Sixtine Pochon 1920-1984
    Yvonne Pochon 1904-1986


    Selon madame Mukaschturm et monsieur Delyon, qui connurent mesdemoiselles Pochon, leur frère, Valéry, serait enseveli en Terre Sainte où il termina son ministère sacerdotal. Quant à la cadette des sœurs, Hélène, après le décès d’Yvonne et la vente ou la mise en viager de ses biens, elle aurait fini sa vie sur la Côte d’Azur. Puis tous les deux mentionnent les on-dit qui battirent la campagne jusque dans les années soixante-dix. Vérité ou légende selon laquelle après la naissance de leur fils unique, Alfred, la première madame Pochon se serait à jamais refusée à son mari. Celui-ci aurait dès lors assouvi ses ardeurs près des servantes et des jeunes paysannes des alentours. L’une d’elles mettait-elle au monde un enfant mat de peau et noir de cheveux, à sa ressemblance, les commères répandaient le bruit que c'était "encore un petit Pochon ! » Et on désignait unanimement Adélaïde Pochon comme responsable de cet état de fait. En vérité il est probable qu’on attribuait à son mari plus d’aventures qu’il n’aurait pu en assumer. A l’inverse, sa belle-fille « femme droite et pieuse » acceptait « tous les enfants que Dieu lui envoyait ». Madame Mukaschturm conclut : « Alfred et Eugénie Pochon étaient très famille. »


    Il est certain que, sans la découverte des souterrains-refuges et des vestiges du châtelet des seigneurs du Rhiu, à proximité de l’hôtel, la mémoire de ces gens se serait à jamais perdue dans la poussière du temps. Déjà il n’en reste que l’écume. Ils ont emporté avec eux leurs actes et pensées intimes, la foule des jours de leurs existences.


    Or, sur ces entrefaites, il se trouva que le jeune couple d’artistes sollicité par Adèle Hermenier pour résider à l’hôtel Pochon (le temps d’esquisser une ou plusieurs œuvres en relation avec les fouilles récentes) accepta enfin son invitation. A la condition toutefois d’y résider à tour de rôle. A leur intention, et afin que Bela et Laure jouissent de suffisamment d’indépendance, elle pris la décision d’aménager en hâte la dernière chambre de bonne disponible dans les combles.

    NB : ceci est une fiction

    Yahoo! Google Bookmarks

    15 commentaires
  • A partir du 15 janvier vous retrouverez votre feuilleton du week-end sous un nouveau titre :

     

    Bientôt sur ce blog...

    Yahoo! Google Bookmarks

    2 commentaires
  •  

    Votre feuilleton du week-end : Le Salon de thé 52



    Semaine 52

     

    Noël 2011 marquera la mémoire des résidents de l’Hôtel Pochon tant Adèle Hermenier dépensa d’énergie et d’imagination à préparer la fête des enfants. Dès quinze heures le salon de thé était plein. Elle avait insisté auprès de Claude pour qu’elle descendît avec Varech qui fut la première attraction de la soirée. Timide, le mignon chien se laissait caresser sans broncher par les petites mains fines ou potelées. Puis des elfes d’hiver –ainsi qu’on les désigna dans leurs tenues vaporeuses qui évoquaient la neige et le givre- distribuèrent boissons et pâtisseries dans un joyeux brouhaha. Quand tout le monde fut restauré, ils allèrent décrocher de l’arbre de Noël des pommes d’amour, bâtonnets d’angélique, biscuits et pains d’épices enrubannés pour chacun des participants. Le salon de thé ne désemplissait pas malgré la tombée de la nuit, ce qui obligea mademoiselle Hermenier à le fermer un peu plus tard que de coutume.

    Parce qu’elle est une femme de cœur capable de comprendre à quel point la solitude devient plus manifeste après des réjouissances collectives, Adèle pria Claude de rester à dîner en sa compagnie et celle de sa famille.  Le repas se déroula en toute simplicité dans le calme de la salle à manger. De l’avis de tous mademoiselle Roux gagnait à être connue et sa conversation fut appréciée. La nuit était déjà avancée lorsqu’on se sépara. A peine couchée Claude s’endormit avant d’avoir eu le temps de regretter le silence des siens.

    Depuis Noël le brouillard a englouti le val et ses abords. Le matin les toits sont blancs de gelée. On se calfeutre dans la chaleur des foyers. Lorsqu’elle promène Varech, mademoiselle Roux ne croise personne. La campagne paraît déserte, bien qu’elle entende de loin en loin des coups de fusil ou, parfois, l’aboi d’un chien courant devant un animal traqué. Il arrive que Varech flaire un gibier et tire en direction des fourrés. Une fois ou deux elle a cru deviner le miroir d’une chevrette en fuite.

    Entre les fêtes Chez Adèle H. n’est guère fréquenté que par quelques promeneurs égarés dans les parages et qui viennent boire un thé ou un chocolat mousseux pour se réchauffer. Monsieur Dessablettes a suspendu les thés littéraires jusqu’à la rentrée. On se croirait dans un pays perdu, loin du monde. Si son frère et sa belle-sœur n’étaient près d’elle, Adèle commencerait à s’ennuyer…

     

    Epilogue

     

    Une année va s’achever une fois encore. Cependant pour nos héros, avec ou sans nous, la vie continuera.

    Par discrétion nous n’indiquerons pas le montant du pactole que touchera Claude. Sachez seulement qu’il s’élèvera à plusieurs milliers d’euros et que, sans toutefois devenir riche, elle envisagera l’avenir avec davantage de sérénité. Au printemps elle partira en vacances avec Varech et alors… (sourire).

    Pour ne pas dévoiler leur intimité nous ne révélerons rien des secrets relationnels d’Adèle et de Hans, de leur inclinaison réciproque qui ira croissant jusqu’à la passion puis évoluera vers une profonde tendresse partagée. Apprenez toutefois que le salon de thé Chez Adèle H. atteindra une notoriété inespérée et que la galerie d’art dont rêvait mademoiselle Hermenier (devenue entre temps madame Niessl) dépassera en succès toutes ses espérances.

    Nous ne connaîtrons jamais les dessous de la fâcherie qui précipita le départ d’Esméralda, la nièce d’Alice Vergnaud. Amère et dépitée notre tante Alice vendra son appartement aux Niessl et se réfugiera dans sa retraite d’Oléron.

    En avril madame Tchang mettra au monde des jumelles juste avant qu’Aude Launay donne le jour à un gros garçon. Pendant plusieurs semaines les pleurs d’avant-têtées rythmeront la vie de l’Hôtel Pochon.

    Quentin (Doit-on le révéler ?) aura quitté sa soupente pour le studio d’Esméralda à Chinon. Ensemble ils partiront pour l’Ecosse au grand dam des parents de la demoiselle qui en tiendront grief à notre chère Alice !

    Que dire des autres personnages ? Dessablettes et madame, les Delyon, les Mukaschturm, mademoiselle Di Feliche, l’ancienne charcutière, etc. poursuivront leur vie de paisibles retraités. Fidèles inconditionnels du salon de thé il se mêleront à une clientèle toujours plus élitiste qui ne dédaigne pas, avec un certain snobisme, de se frotter de temps en temps aux gens du cru.

    N.B. : Ceci est une fiction

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    10 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique