• Votre feuilleton du week-end - Le Salon de thé 18 (suite)

     Le salon de thé (base)

     

     

     

    Tasse de thé copie

    15h45 – Nul ne s’est encore présenté. C’est la désolation chez les Hermenier. Les oreilles d’Adèle bourdonnent des reproches de son frère. Elle dilapide sa part d’héritage dans une entreprise insensée, lui a-t-il martelé la veille au soir. Et tout à l’heure encore, au moment de s’asseoir à la table de leur mère avec sa femme, il le lui a répété. Sans doute a-t-elle été folle en effet de tout engloutir dans un projet mal évalué.

    Soudain la clochette tinte à l’entrée. Il y a des voix, des piétinements ; quelqu’un approche. La figure réjouie de Sébastien Launay apparaît dans l’embrasure de la porte du hall, derrière le double rideau qui sépare le comptoir réfrigéré de la salle. Aude et quelques amis le suivent. On les embrasserait. Mademoiselle Hermenier misait sur des gens d’âge mûr et c’est la jeunesse qui se pointe ! On les accueille comme des relations  de longue date.

     

    Les jeunes gens se sont arrêtés à l’entrée de la pièce. Le décor surprend, tout de blanc, de gris, de bleu pâle, égayés d’infimes touches plus chaudes. Mademoiselle Hermenier s’est inspirée du style gustavien afin de ne pas heurter l’harmonie originellement blanche et grise des murs  et de conserver une certaine luminosité à l’ensemble. Les couleurs vives éclatent dehors, dans le jardin qui verdoie, où fleurissent rhododendrons et lilas. Ce lieu ressemble davantage au salon d’un hôtel particulier qu’à une salle de restaurant. Tel était d’ailleurs le but recherché.

    Tout de suite Adèle Hermenier invite la petite bande à occuper deux banquettes en angle devant la bibliothèque et offre à chacun son cadeau de bienvenue, puis prend commande. Les goûts sont variés. Elle craint d’être quelque peu dépassée. Mais si, elle s’en sortira aussi bien que lorsque ses parents recevaient de nombreux invités.

    Une deuxième fois la sonnette résonne. Tout le monde tourne la tête vers l’entrée. Claude roux –c’est elle- n’ose avancer au-delà du comptoir. Madame Hermenier lui fait signe :

        Approchez ! Vous allez vous joindre à nous.

    Elle hésite. La vie l’a rendue casanière. Elle a longtemps balancé avant de se décider à descendre.

        Nous vous attendions, ajoute madame mère pour l’encourager, avant de faire les présentations.

    A son tour Claude reçoit un sachet de thés et de macarons et commande un thé russe. On parle du temps, de la décoration, des œuvres accrochées aux murs tandis que la jeunesse s’amuse à côté.

    La famille des dames Hermenier s'éclipse au moment où tante Alice, notre voisine, fait son entrée. Tout naturellement celle-ci s’installe à la table de madame Hermenier. Elle pensait être la dernière. Mais non, la plupart des invités se font attendre. Les Launay et leurs amis sont déjà sur le point de partir.

    Alors que plus personne ne compte sur elle, la famille Tchang arrive à son tour pour occuper la place laissée vacante par les jeunes. On se salue au passage, comme de vieilles connaissances. Sur ces entrefaites deux amateurs d’art s’assoient autour d’une table à thé, bientôt suivis de trois autres clients que mademoiselle Hermenier accueille à bras ouverts.

    Mais la surprise du jour est, à n’en pas douter, le passage inattendu de monsieur-je-sais-tout-je-vois-tout et de madame. Une dispute conjugale a précédé leur venue, monsieur refusant de se frotter à la haute, cependant que madame jugeait que, pour une fois qu’il se passait quelque chose dans ce quartier, mieux valait en profiter.  Comme souvent chez  ceux qui crient de loin, la soi-disant forte personnalité de Philippe Delyon se ratatinait au fur et à mesure que la distance entre lui et les victimes de ses invectives s’amenuisait. Très à l’aise, madame Delyon serre des mains tandis que son mari crachote des bonjours à peine audibles. Les Delyon ont pris place à l’écart et bavardent en aparté.

    Presque tous sont repartis. Le salon de thé va fermer lorsque Quentin, échalas timoré, se présente.

        Quel dommage que vous n’ayez pas accompagné Sébastien ! s’exclame mademoiselle Hermenier dès qu’elle l’aperçoit. Vous auriez été plus à l’aise entre jeunes. Il faudra revenir avec eux, insiste-t-elle tandis qu’il sirote une orangeade et triture sa part de tarte à la rhubarbe.

     

    L’après-midi est terminé. Adèle Hermenier referme la porte derrière Quentin. Elle n’aura pas fait fortune aujourd’hui. Mais cela aurait pu être pire.

     

    N.B. Ceci est une fiction

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