• Votre feuilleton du week-end : Le Salon de thé 22

    Le salon de thé (base)

     

     

    Semaine 22

     

    Ce qui importait d’abord était que le mur démoli soit remonté au plus vite afin de protéger son jardin. Adèle Hermenier le répéta aux employés de l’entreprise Lelièvre. Pour le reste il incombait à la mairie de se charger de la prospection des cavités extérieures à sa propriété et le cas échéant de les consolider. Elle voulait disposer sans risque de l’intégralité de son jardin avant l’été. La découverte d’une porte en sous-sol la contrariait au plus haut point. Quels soucis nouveaux découleraient de son ouverture ?  Pourquoi ne pas laisser les choses en l’état et se contenter de combler l’excavation révélée par la chute de l’arbre ?

    Les hommes insistèrent. Il était préférable de s’assurer de l’état du terrain qui soutenait la troisième terrasse. A bout d’arguments, elle finit par céder et ils se mirent d’accord pour descendre examiner les lieux vendredi matin.

     

    Alice informée dès le mardi en début d’après-midi, au moment du café, s’enflamma aussitôt et à force de si se convainquit d’une découverte fascinante. Plus prosaïque, Adèle Hermenier penchait pour une cave oubliée et sans doute bouchée par des gravats. Elle avait surtout l’esprit absorbé par l’organisation du premier goûter d’anniversaire qui lui avait été confié, pour le lendemain.  La maman se chargeait de l’animation. Mais elle-même avait dû réfléchir avec sa pâtissière attitrée, à un gâteau original qui amuserait les enfants. Elle s’inquiétait en outre de ce qu’ils pourraient importuner les autres consommateurs. Elle leur avait préparé l’espace de deux banquettes. Rien ne l’assurait qu’ils ne s’éparpilleraient pas à travers le reste de la salle. Elle avait prévu qu’ils se présenteraient assez tôt, pendant les heures creuses.

    Une demi heure avant l’arrivée de ses invités, Jeanne pesait de tout son frêle corps sur la porte d’entrée. Derrière elle sa mère bloqua le vantail de la pointe de sa chaussure pour glisser dans l’entrebâillement deux grands sacs de chez Cotillard le roi du cotillon, tandis que l’aînée, Thérèse, se tenait en équilibre sur le bout de la dernière marche. Mademoiselle Hermenier vint à leur rencontre et les conduisit jusqu’aux places qu’elle leur avait réservées.

    Jeanne est une jeune personne déterminée. Elle sait ce qu’elle veut, décide, commande, dirige. C’est elle le maître d’œuvre de sa fête. Maman obtempère, mademoiselle Hermenier s’en amuse et Thérèse boude.  Rien ne manquait à l’arrivée de ses camarades. On s’embrasse, on rit ; les cadeaux s’amoncellent sur la table voisine.

    Pour autant qu’Adèle avait pu s’en rendre compte, les rares clients avaient trouvé une distraction dans ce groupe d’enfants joyeux.  Au contraire de ce qu’elle craignait il n’y avait pas eu de débordements ni d’excès de cris.

     

    Vendredi est arrivé si vite qu’Adèle Hermenier a failli oublier son rendez-vous avec Lelièvre. Alice avait tenu à l’accompagner. Ce matin les deux femmes descendent donc ensemble dans la fosse au fond de laquelle les attendent Lelièvre et son collaborateur.

    —Alors, madame, êtes-vous prête pour l’instant de vérité ? plaisante-t-il en lui serrant la main.

    Alice Hermenier manque d’enthousiasme.

    —Puisque vous avez insisté, allons-y.

    Dès que les hommes arrachent les premiers moellons à hauteur des yeux, une bouffée de remugles mêlés à l’odeur d’urine de chat leur souffle au visage. Lelièvre balaie le trou du faisceau de sa lampe.

    —Que voyez-vous ? interroge Adèle Hermenier.

    —Des portemanteaux.

    —Quoi ?

    —Des portemanteaux.

     

    Porte-manteaux


    N.B. Ceci est une fiction.

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