• Votre feuilleton du week-end : Le Salon de thé 35

    Le salon de thé (base)

     

     

    Semaine 35

     

    Comme le salon de thé venait de rouvrir, Alice Vergnaud s’y précipita et reprit son habitude de venir boire un café dès 13 h 30. Il lui sembla, mais elle devait se tromper, que mademoiselle Hermenier manifestait moins de prévenance à son égard. Par ailleurs elle eut l’impression, à tort sans doute, que mademoiselle Roux l’abordait avec une certaine défiance.

    En vérité, à son insu, Alice bouleversait ce jeu de deux en qualité de troisième et redoutable rivale dans l’espoir de conquête du distingué inconnu. Elle avait à son avantage cet air de jeunesse dont, à l’abord du troisième âge, elle ne se départait pas encore. Nul doute que cela tenait à sa désinvolture vis-à-vis des sujets graves de l’existence autant qu’à sa silhouette. Car sur son visage le temps avait laissé ses griffes.

    Adèle et Claude ne manquaient pas de noblesse d’âme et s’en voulaient d’éprouver les sentiments mesquins qui s’emparaient d’elles sournoisement. L’une autant que l’autre réprouvaient d’aussi méprisables calculs. Hélas, parfois le cœur prend le pas sur la raison. Et le leur, qu’elles croyaient pour toujours indifférent à de doux élans, palpitait à nouveau comme aux premiers émois de leur adolescence. Madame Hermenier, ranimée par les allées et venues du salon de thé, observait sans mot dire le drame feutré – à moins que ce ne fût la comédie – qui se mettait en place sous ses yeux.

     

    Dans cette atmosphère empoissonnée, l’arrivée des archéologues a pris l’allure d’un dérivatif favorable à la paix de l’hôtel. Un autre a été l’orage de jeudi qui a fait dévaler des eaux boueuses en cascade dans l’escalier souterrain. Elles se sont répandues jusqu’à la vieille armoire sous laquelle une mare s’est formée. Adèle Hermenier a réalisé l’urgence des travaux à entreprendre pour sauvegarder l’ultime reste du châtelet ; la nécessité de parer au plus pressé accapare depuis son esprit. C’est un sain exercice.

     

    Ce samedi après-midi, Alice, notre voisine, qui est tout innocence dans cette histoire, fait une Adèleapparition remarquée, vêtue d’une robe de soie bigarrée dont l’épaisse ceinture souligne sa taille fine. Elle est trop, beaucoup trop… élégante, joyeuse, insouciante. Voyante ! Son vêtement a quelque chose de déplacé ici. On murmure ; on l’examine en tapinois. Elle se déplace avec grâce. Cela passe pour de la provocation. Alice Vergnaud se sent si légère dans sa tenue chatoyante. Mais au fond elle n’est pas elle-même. Le pantalon lui sied mieux à son gré. Elle a eu envie de se faire plaisir. C’est tout. On entend le gros rire de Philippe Delyon. Près de lui madame soudain se renfrogne. Il lui donne un coup de coude. Un éclair de colère traverse le regard de son épouse. Mais Alice n’a rien remarqué. Elle n’a les yeux posés que sur elle-même et n’est attentive qu’à cet instant qu’elle savoure, tandis qu’Adèle Hermenier aux abois tente d’apaiser les idées contradictoires qui l’agitent.

     

    L’orage gronde au loin. Après la clôture de son commerce, Adèle Hermenier contemple son jardin pris dans la bourrasque. L’air étouffant lui colle à la peau.

     

    N.B. Ceci est une fiction

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