• Votre feuilleton du week-end - 1

    Le salon de thé (base)

     

    Semaine 1

     

    Parlerons-nous d’émoi dans son quartier à l’annonce de la disparition d’Eric Bernard, alias Aymard Faust de Krakoya, que la quasi-totalité des habitants ne connaissaient pas ? Il y eu surtout un moment de distraction quand cameramen et journalistes se répandirent sur les pelouses du château.

    L'hôtelClaude Roux souleva un pan de son rideau et le rabattit. La silhouette de Sébastien, le jeune infirmier, apparut quelques minutes dans le reflet d’une vitre. Les dames Hermenier restèrent confinées dans leur salon près de l’oriel, à l’abri des regards. La gazette du faubourg se contenta d’épier de loin les mouvements qui se produisaient autour de la propriété voisine de son jardin. Notons encore qu’on remarqua des allées et venues discrètes aux abords de l’ancien hôtel particulier. Ce fut tout.

    A vrai dire le décès d’Aymard Faust de Krakoya tomba on ne peut plus mal pour retenir l’attention, y compris dans les milieux bobos les plus avant-gardistes qui le portaient aux nues. L’heure était aux célébrations du Nouvel An et à la pagaille engendrée par les intempéries qui faisaient la une de tous les médias. Seuls de rares lecteurs éclairés relevèrent l’information.

    Bernard exigeait la retenue.  Depuis toujours il s’opposait à la divulgation de son portrait et refusait toute séance de dédicaces. Son éditeur avait érigé cette absence en mystère, excellente stratégie publicitaire ! A chaque sortie de l’un de ses ouvrages (et il était prolixe) on s’interrogeait quant à la personnalité de l’auteur. Maniait-il le cynisme avec autant de froideur que ses héros ? S’entourait-il de créatures dévergondées ? Ne s’exprimait-il qu’en provoquant ? Certains prétendirent même qu’une femme se cachait derrière ce pseudonyme baroque.

    Sans doute aussi bien ses admirateurs que ses détracteurs auraient-ils été déçus s’ils l’avaient rencontré. Car au regard de son entourage Eric Bernard n’était rien d’autre qu’un être falot, bridé par son éducation. Gentil, certes, toujours courtois, mais quoi de plus qu’une ombre à laquelle personne ne prêtait attention ? Sauf Adèle Hermenier qui (par quelle intuition ?) avait détecté en lui l’écrivain hors normes qu’elle inviterait à trôner au centre de son futur salon.

    Sur ces entrefaites, Alice –tante Alice, notre voisine ex-blogueuse- regagna son foyer. Elle apprit avec étonnement la disparition de leur voisin du premier étage, ce quadragénaire aux allures de jeune homme guindé, ainsi que tout ce que nous savons déjà à son sujet. Stupéfaite, serait un qualificatif faible pour exprimer son état d’esprit présent. Ce qu’elle venait de découvrir dépassait l’imagination.

    De quelque façon qu’elle envisageât Eric Bernard et Aymard Faust de Krakoya, Alice ne parvenait jamais à les confondre en une seule personne. Du second elle n’avait lu aucun texte. Les critiques dont elle avait pris connaissance ne l’inclinaient guère à se plonger dans des romans réputés difficiles, provocateurs et souvent libertins. Non, elle n’éprouvait aucun goût pour ce type de littérature. Somme toute, elle préférait s’en tenir à Eric Bernard qui ne dérangeait personne.

    Mais désormais mademoiselle Hermenier n’allait-elle pas renoncer à son salon de thé ?

     

    N.B. Ceci est une fiction

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