• Votre feuilleton du week-end 17

     

    Le salon de thé (base)

     

     

    Semaine 17

     

    Le dimanche de Pâques, en fin d’après-midi, Claude allait s’engager sur un sentier forestier quand de larges gouttes tièdes commencèrent à s’étaler dans la poussière. L’orage menaçait. Elle fit demi-tour en tirant Varech qui renâclait à rentrer. La pluie cessa au moment où elle ouvrait sa porte. Le soleil semblait avoir repris ses droits. Mais cette averse n’était que le prélude de la tempête qui fit rage au cours de la nuit. La grêle battait les persiennes, le tonnerre roulait sans fin et faisait vibrer les vitres, le vent secouait en rafales les cimes des grands arbres du parc qui jaillissaient hors de l’obscurité à chaque éclair. Soudain le ciel parut se rompre et déversa des trombes d’eau jusqu’au petit jour.

    Une mare s’était formée à l’entrée de la résidence qu’on ne pouvait franchir sans se mouiller les pieds au-dessus de la cheville. Les pelouses détrempées ressemblaient à un marécage. La rue par endroits était ravinée. Le ruisseau au fond de la vallée charriait des remous sauvages. On avait besoin d’eau, mais à ce point tout de même…

    Le lendemain il se remit à pleuvoir dans la matinée. Pendant trois jours éclaircies et ondées alternèrent. Adèle Hermenier ne pouvait plus circuler dans son jardin sans chausser des sabots de caoutchouc. Si le temps ne s’améliorait pas d’ici au 7 mai, il ne serait plus question d’installer des tables à l’extérieur. Elles n’étaient pas indispensables. Mais ses dernières plantations avaient été emportées avec la terre en bas des escaliers. Elle essaya tant bien que mal de réparer les dégâts sous l’œil goguenard de monsieur-je-sais-tout qui la lorgnait par-dessus son mur. Il la vit s’arrêter, aller et venir au bord d’une terrasse, le buste incliné, occupée à scruter il ne savait quoi.

     

    Alice se morfondait. Elle rouvrit l’ordinateur qu’elle délaissait depuis plusieurs semaines. Déjà elle n’existait plus pour les surfeurs du net. C.S-qui s’est lancé dans les recettes assez élaborées qu’il dédaignait à ses débuts. Devait-elle se manifester ? Elle hésita, renonça, avant de cliquer sur l’adresse de Titi. Celle-ci avait abandonné les rats au profit d’un tour du monde dont  elle situait la première étape à Copenhague. Alice se laissa quelques instants envahir par des souvenirs presque oubliés dont elle s’arracha très vite pour jeter un coup d’œil chez Claude qui s’essayait aux sagas Islandaises. Ses textes sont toujours aussi passionnants et si bien amenés. Un soudain coup de foudre obligea Alice à débrancher son poste.

    Le beau temps réapparut enfin, assécha le sol et l’été précoce se poursuivit. Toutefois, en fin de semaine il pleuvait de nouveau.

     

    Dans la nuit de samedi un bruit énorme d’effondrement, lent, interminable, envahit l’espace et jeta à bas du lit tous les habitants de l’immeuble. Claude s’est réveillée en sursaut. A-t-elle rêvé ? Varech dressé sur son séant à ses pieds la dévisage. Elle se précipite à la fenêtre et  tente de distinguer quelque chose à l’extérieur au travers des fentes de ses volets. Le perron n’a pas bougé. Du côté de l’entrée (le seul qu’elle puisse apercevoir) tout paraît normal. Au rez-de-chaussée Alice court d’une pièce à l’autre. Elle ne note rien de particulier à l’ouest ou au sud. Le vallon à l’est est plongé dans une obscurité impénétrable où elle ne distingue que la nuit. Comme elle, les Tchang et les Launay se penchent aux fenêtres, en vain. Quentin, l’apprenti, s’est jeté sur les œils-de-bœuf de sa mansarde. Il ne voit rien d’autre que les halos des lampadaires à l’extrémité de la rue. Il tend l’oreille et n’entend ni cri ni appel. Le calme est revenu. A tous les étages on se recouche sans être parvenu à identifier l’origine de ce bruit épouvantable.

     

    Lampe de poche

     

    Sauf Adèle Hermenier qui, le cœur affolé, cherche fébrilement une lampe de poche tandis que Mme mère s’est assoupie. Elle appréhende que ses craintes n’aient été prémonition. Le jardin disparaît dans le noir. La lumière que répand l’oriel n’éclaire que ses abords immédiats. Le faisceau de sa lampe danse au bout de son pied. Il fait trop sombre, elle doit rebrousser chemin et patienter jusqu’au lever du jour…

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