• Silence 2

     

    A la suite de l'article d'hier ( Quand le silence s'installe... ) plusieurs d'entre vous ont laissé des commentaires que je reproduis ci-dessous car ils témoignent de l'expérience d'anciens malades ou proches de malades et peuvent alimenter notre réflexion sur la question.

     

    J'ai lu! Je dois dire que je n'ai pas rencontré ce problème car cela fait maintenant 14 ans et on oublie. Mais au début, j'ai eu des contacts avec d'autres personnes atteintes comme moi, et de la même maladie (lymphome) et j'allais au devant de ces gens-là. Mais beaucoup n'ont pas eu ma chance et sont partis hélas!
    Moi j'en ai parlé beaucoup avec ma famille. J'ai toujours mis ma fille et mon mari en garde. Quand on a un problème et que le médecin vous dit sans arrêt que ce n'est pas grave, il ne faut pas laisser tomber. J'ai entendu pendant 8 mois mon médecin me dire que c'était normal que j'aie un train de fièvre quotidien," c'est la machine qui se met en marche". Quand pendant les vacances je suis montée à 39 j'ai tapé sur la table. Et voilà! Ma fille a conservé ça en mémoire, elle a passé tous les examens possibles et imaginables en clinique, le médecin qui la suivait l'a prise pour une petite nature, 43kg. Et rien de nouveau toujours ses malaises! Elle a regardé sur les forums sur internet et en fait ce sont probablement des acouphènes!!!! Là elle doit voir un spécialiste. Elle a insisté et a eu raison. Elle me dit qu'elle pense toujours à ce qui m'est arrivé! De plus quand on voit les séquelles, on peut y penser. Le plus important c'est d'être là, debout! Dans la mesure du possible!
    Bonne journée Margareth Yvette

    Commentaire n°1 posté par Yvette hier à 13h33

     

     

    Je viens de lire ton commentaire !
    Je sais que le vide s’installe, je suis passée par ici, les gens parlent derrière ton dos, jamais devant toi, pourtant ça m'aurait fait du bien d'expliquer ce qui m’arrivait, (ils ne font pas ça pour nous faire de la peine, mais pour nous protéger) mais c'est l'inverse que j'attendais ;
    le cancer désarme tout le monde.
    Quand tu es dans le tourbillon des blouses blanches ça va, c'est après que tu vas mal, elles connaissent le cancer, elles t'en parlent, mais les amis, la famille non !
    Pendant un moment j'ai été très mal, mon mari ne comprenait pas que je ne puisse plus le suivre partout, mes enfants évitaient de me parler de ce cancer et boooommm, je ne suis retrouvé au CHU de Rouen (maison de repos où psy) 2 ans à parler avec cette dame et je n'ai aucun regret de l'avoir fait, ça fait du bien .je pouvais enfin parler et avoir des réponses ouf!
    Et, ça a été une bonne leçon, quand ma petite belle fille était malade, je lui posais des questions, même celle ci, celle idiote de demander à une personne qui a un cancer : "
    Comment vas tu aujourd'hui ?" Alors que tu sais qu'elle va mal ; mais... ça lui ouvre une porte pour te répondre sur ceci, cela, de mettre des mots sur les maux.
    tu vois tout est là!
    En te lisant, (toi aussi tu n'oses pas téléphoner à ta famille) peut être attendent ils aussi? , qu’ils n’osent pas te déranger ?

    Il faut le bouger le silence !!! , rien n'est plus idiot d'aller voir un malade et de parler de la pluie et du beau temps, le malade lui il veut parler de lui, alors écoutons !
     ps je ne me couche jamais avant 1h

    Commentaire n°2 posté par la mouette hier à 22h16

     

     

    Bonjour j'ai soigné mon ex compagne durant 17 ans, il faut communiquer
    bon samedi

    Commentaire n°4 posté par belgique-chine aujourd'hui à 04h13

     

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    Le blog de la voisine (base)

     

     

     

    14 mai 2010 – 14h

     

    Me voilà noyée au milieu des lambeaux de papier bulle, des morceaux de kraft et de scotch déchirés, écartés en hâte de ce cadeau inattendu : ma part d’héritage d’une cousine éloignée de ma mère. Nous nous fréquentions à l’époque d’Oléron. Puis peu à peu, nous nous étions perdues de vue, emportées chacune par notre vie familiale. Cela me touche qu’elle ait pu avoir une pensée pour moi au moment de nous dire adieu à jamais. Trois mots de son fils aîné y étaient joints pour me dire qu’elle avait exprimé le vœu que ces tableaux, peints de sa main, me reviennent. Il n’ajoute rien de plus, pas même son adresse ou son numéro de téléphone, preuve que ses enfants ne souhaitent pas renouer des liens relâchés depuis des lustres. Les seules indications qui figurent sur l’emballage sont celles de l’ancien domicile d’Ernestine.

    Ses huiles ne sont ni des peintures naïves ni des œuvres qui manifesteraient un quelconque talent, mais le travail appliqué et maladroit d’une éternelle débutante. Les tableaux de ma cousine n’ont aucune valeur commerciale ou artistique. Mais, comme ils l’étaient pour elle, ils sont pour moi chargés de souvenirs et d’émotions. Souvent elle me confiait combien le geste de peindre ou de dessiner est apaisant. L’esprit et le corps s’y reposent. Elle me disait la communion profonde avec son modèle ; tout ce que son œil et son intelligence y découvraient de nuances, de subtilités, de jeux d’ombre et de lumière, de pleins et de vides, d’arabesques, de volumes et de lignes.

    Elle peignait surtout des marines et des plages pour entrer en connaissance avec ces paysages aimés. Quand plus tard elle posait les yeux sur l’un d’eux, elle voyait, au-delà du tableau, l’étendue marine à l’instant où elle avait tenté d’en exprimer  sur la toile la vie et l'inimitable beauté, ainsi que  les sensations et les sentiments qui s’y rattachaient : l’odeur iodée de la brise, les cris des mouettes, le miroitement de l’onde sous le soleil estival et le bonheur de vivre et revivre années après années dans ce lieu très cher.

    Il arrivait qu’elle soupirât : « Si tu savais les merveilles que j’ai en tête ! Mais je suis incapable de les traduire en peinture. C’est terrible ! » Aussitôt elle se rassurait et affirmait qu’un jour le moyen existerait de faire jaillir les images de notre pensée et de les projeter sur un support. « Alors, ajoutait-t-elle, on s’apercevra que les véritables artistes ne sont pas ceux qu’on croit. »

    Il est curieux d’ailleurs qu’Ernestine n’ait pas réussi à faire évoluer ses velléités artistiques car elle possédait une assez riche collection d’ouvrages consacrés à l’art et à l’histoire de l’art. C’est elle qui m’avait fait remarquer la déformation du bras replié d’Esther dans le tableau de Chassériau et la longueur impossible du dos de la Grande Odalisque d’Ingres, ainsi représentés pour les besoins de la composition. Elle possédait des connaissances qu’elle ne parvenait pas à appliquer dans la pratique.

    Sa maison était encombrée de dizaines de toiles de tailles variées, d’autant de cartons petits et grands, pleins de dessins exécutés en diverses techniques. Une fois elle avait tiré de l’un d’eux un portrait de ses débuts. Il représentait une dame qui louchait. « Regarde, c’était la tête de ma tante Jeanne que j’avais dessinée à la sauce… elle ne lui ressemblait pas du tout ! »

    Je suis désormais riche des émotions de ma jeunesse. Dans le salon je vais accrocher la vue de SA plage, pour me remémorer encore et toujours les bons moments que nous y avons goûtés en famille… il y a si longtemps…

     

    20 mai 2010

     

    Il était sûr qu’un jour prochain l’observateur lambda ne manquerait pas d’être saisi par la discordance de l’œuvre d’Ernestine placée entre celles d’artistes contemporains. L’effet a été plus rapide que je ne le prévoyais ! Je venais de faire entrer notre voisin du premier étage, qui voulait me parler discrètement de la famille disparue, lorsque le cri du cœur lui a échappé avant qu’il en prenne conscience :  « Mon Dieu ! Quelle horrr… » Puis, essayant de se raccrocher aux branches : « Quelle peinture originale ! Est-ce de vous ? »

    J'ai eu beaucoup de mal à garder mon sérieux et à prendre un air détaché pour lui répondre !

     

    N.B. Ceci n'est pas un journal intime mais une fiction.

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