• Tandis que papa est soigné à l'hôpital Purpan de Toulouse, ses compagnons d'armes poursuivent le combat jusqu'en Autriche. L'un d'eux lui raconte leur séjour là-bas :

    Je t'écris ces quelques mots d'un Centre de Repos situé quelque part dans une région montagneuse de l'Autriche. Là je vais passer quatre jours. Il y a tout le réconfort (sic) moderne, çà t'étonnera peut-être, mais pour une fois on a compris. Je loge dans un grand hôtel : il y a de grandes salles de jeux, de lecture, une piscine, de la musique, des bois, tout... [...] Ici c'est la belle vie. L'Autriche est un pays pittoresque. Il y a de jolis coins, et surtout de charmantes autrichiennes qui répandent  de si jolis sourires à leurs libérateurs. [...]

     

    Le 8 mai 1945 l'Allemagne a capitulé. La guerre terminée, les anciens combattants songent au retour dans leurs foyers. De Fribourg, ce même compagnon fait part à mon père de son impatience de retrouver la vie civile :

     

    Le 12 juillet 1945 :

    [...] Je me trouve, depuis deux jours, dans la région de Fribourg, à une quarantaine de Km de Strasbourg. On commence à s'approcher. Il est grand temps que l'on quitte ce bled. Dernière nouvelle, il paraît que l'on irait à Rennes en Bretagne. [...] M. est chez lui, il est parti le 22 juin, étant pupille, il a été rapatrié : donc je reste avec L. J'en ai plein... J'ai hâte de m'en aller moi aussi. Vivement la classe ! Que fais-tu de beau ? Ici toujours la même vie : çà barde en plein : il valait mieux le temps passé.

     

    Le 2 août 1945 :
    [...] Quant à moi, toujours la même vie : les permis pour la Corse et l'A.F.N. sont supprimés, faute de transport : on nous autorise à prendre 4 jours pour la France. Tu peux imaginer la rumeur qui gronde. Enfin ! On est toujours bonne pour (?) et comme d'habitude on est toujours les pigeons. [...]

     

     

     



    Un autre frère d'armes (voir en-tête ci-dessus):
    [...] J'ai appris avec douleur la blessure que tu as eue en France et tes décorations. Je te félicite pour celles-ci, tu es un bon gaillard. Quant au pied j'espère que ce n'est pas tout à fait grave et que tu marches sans trop de difficultés. Que comptes-tu faire ? Espères-tu être démobilisé ? Si oui, je vais t'offrir quelque chose, tu sais nous en avions parlé en Italie. Je vais rentrer en Afrique du Nord et mon père a loué des jardins. Veux-tu venir chez moi ? [...]
    Et cet ami lui propose d'exploiter avec lui plusieurs hectares de terrain en jardins, vigne, arbres fruitiers, orangeraies avec pour projet d'expédier leurs récoltes en France métropolitaine.

     

     

     

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  • Le salon de thé (base)

     

     

    Semaine 26

     

    La canicule est tombée d’un coup. Hommes et animaux se terrent à l’ombre. La rue est désertée. Chez Adèle H. se dépeuplait. Mais voici qu’une clientèle nouvelle et inattendue fréquente le salon de thé depuis peu. Des américains se répandent dans le quartier pour en peindre les aspects les plus typiques. Quelques-uns déplient leur chevalet sur le trottoir, devant le jardin de monsieur-je-sais-tout qui ainsi ne manquera rien. D’autres installent leur matériel un peu plus haut. Ils portent canotiers, chemisettes de bayadère ou de coton fleuri sur des bermudas de toile bise. Selon toute apparence, ce sont des jeunes retraités.

    Sous le soleil qui assomme ils persévèrent à peindre avec application. Lorsque la soif enfin les torture, ils viennent se désaltérer chez Adèle Hermenier. Ils lui font admirer leurs œuvres où n’est omis aucun détail, pas un panneau de circulation ne manque. Résultat d’un travail laborieux d’amateur. Il n’empêche que, si elle n’avait craint de paraître ridicule au regard de ce qu’elle expose, elle aurait bien craqué pour un petit tableau exécuté avec beaucoup de soin. Cette notoriété soudaine l’intrigue car la découverte des souterrains n’a guère été ébruitée au-delà des limites du canton. Après tout, pour le moment, il n’a été question que de « trous » qui n’ont peut-être servi qu’à relier des caves entre elles.

    La semaine prochaine deux spéléologues viendront explorer le boyau qui fait suite au sous-sol hors des murs de la propriété. D’après monsieur Dessablettes et certains membres d’Arts et Sciences la partie effondrée dans le jardin des Hermenier serait un ajout récent qui aurait mis en communication le sous-sol de l’ancien château avec une galerie bien antérieure à son édification. Il reste à déterminer la date et les motifs de son creusage.

    Madame Hermenier demeure pour sa part persuadée qu’il remonte au plus tôt à la deuxième guerre mondiale. Mais sa fille objecte que les voisins les mieux situés auraient remarqué le va-et-vient des ouvriers ou certaines modifications topographiques. De plus, comment s’assurer du silence des terrassiers et des maçons ? Monsieur Delyon pourrait sans doute les éclairer, bien qu’elles redoutent qu’il ne leur fasse part que de on-dit. Lui-même n’était pas encore né. Il a dû néanmoins entendre des anecdotes de la bouche de ses parents. Adèle hésite encore tant il excelle à transformer la moindre allusion en scandale.

     

    Claude Roux de son côté est allée consulter les vieux cadastres de la ville. L’emplacement du château est indiqué sur les plans qui précèdent la Révolution. Il était de surface relativement modeste, sis en retrait de l’hôtel actuel. Seul un chemin vicinal le desservait. Le tracé de  la rue date du dix-neuvième siècle. Nulle part il n’est fait mention de souterrain ou de citerne.

    Par ailleurs mademoiselle Di Felice et monsieur Cérusier (d’Arts et Sciences) ont trouvé aux Archives des documents qui attestent de la vente du manoir confisqué au marquis du Rhiu et cédé au citoyen Quarier. Ce dernier après l’avoir démantelé en a revendu pierres, poutres et ardoises à divers particuliers ou entrepreneurs de la région. Il est possible qu’il ait destiné le sous-sol à son propre usage, comme cave. Laquelle, pour d’obscures raisons, aurait été ensuite abandonnée puis oubliée. Ces faits attestent que le marquis du Rhiu avait émigré pendant la révolution. Il semblerait qu’il soit rentré en France après la loi d’amnistie du 6 floréal de l’an X et que ses biens qui n’avaient pas été vendus à des particuliers lui aient été restitués.

    De son côté monsieur Cérusier, en compulsant de vieux registres paroissiaux, a relevé le mariage, en 1873, d’Adélaïde du Rhiu avec Marc-Antoine Pochon, négociant en draps. Celui-là même qui fit construire ce prétentieux hôtel particulier vingt ans plus tard. Nous pouvons en déduire que les sœurs Pochon descendaient par les femmes des seigneurs du lieu. Elles auraient pu dès lors recueillir des confidences familiales et apprendre l’existence d’un réseau souterrain, refuge peut-être de leurs aïeux en période trouble, ou cachette de prêtres réfractaires.

     

    N.B. Ceci est une fiction

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  • Le 14 janvier 1945 papa sautait sur une mine au bord de la Thur, dans le Haut-Rhin. Blessé aux deux jambes, criblé d'éclats, il dut son salut au courage de ses compagnons qui traversèrent un gué dans l'eau glacée jusqu'à la taille, en portant sa civière.















    Tirailleurs marocains dans l'est



     

     

     
    Insignes militaires 





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