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    Votre feuilleton du week-end : Le Salon de thé 52



    Semaine 52

     

    Noël 2011 marquera la mémoire des résidents de l’Hôtel Pochon tant Adèle Hermenier dépensa d’énergie et d’imagination à préparer la fête des enfants. Dès quinze heures le salon de thé était plein. Elle avait insisté auprès de Claude pour qu’elle descendît avec Varech qui fut la première attraction de la soirée. Timide, le mignon chien se laissait caresser sans broncher par les petites mains fines ou potelées. Puis des elfes d’hiver –ainsi qu’on les désigna dans leurs tenues vaporeuses qui évoquaient la neige et le givre- distribuèrent boissons et pâtisseries dans un joyeux brouhaha. Quand tout le monde fut restauré, ils allèrent décrocher de l’arbre de Noël des pommes d’amour, bâtonnets d’angélique, biscuits et pains d’épices enrubannés pour chacun des participants. Le salon de thé ne désemplissait pas malgré la tombée de la nuit, ce qui obligea mademoiselle Hermenier à le fermer un peu plus tard que de coutume.

    Parce qu’elle est une femme de cœur capable de comprendre à quel point la solitude devient plus manifeste après des réjouissances collectives, Adèle pria Claude de rester à dîner en sa compagnie et celle de sa famille.  Le repas se déroula en toute simplicité dans le calme de la salle à manger. De l’avis de tous mademoiselle Roux gagnait à être connue et sa conversation fut appréciée. La nuit était déjà avancée lorsqu’on se sépara. A peine couchée Claude s’endormit avant d’avoir eu le temps de regretter le silence des siens.

    Depuis Noël le brouillard a englouti le val et ses abords. Le matin les toits sont blancs de gelée. On se calfeutre dans la chaleur des foyers. Lorsqu’elle promène Varech, mademoiselle Roux ne croise personne. La campagne paraît déserte, bien qu’elle entende de loin en loin des coups de fusil ou, parfois, l’aboi d’un chien courant devant un animal traqué. Il arrive que Varech flaire un gibier et tire en direction des fourrés. Une fois ou deux elle a cru deviner le miroir d’une chevrette en fuite.

    Entre les fêtes Chez Adèle H. n’est guère fréquenté que par quelques promeneurs égarés dans les parages et qui viennent boire un thé ou un chocolat mousseux pour se réchauffer. Monsieur Dessablettes a suspendu les thés littéraires jusqu’à la rentrée. On se croirait dans un pays perdu, loin du monde. Si son frère et sa belle-sœur n’étaient près d’elle, Adèle commencerait à s’ennuyer…

     

    Epilogue

     

    Une année va s’achever une fois encore. Cependant pour nos héros, avec ou sans nous, la vie continuera.

    Par discrétion nous n’indiquerons pas le montant du pactole que touchera Claude. Sachez seulement qu’il s’élèvera à plusieurs milliers d’euros et que, sans toutefois devenir riche, elle envisagera l’avenir avec davantage de sérénité. Au printemps elle partira en vacances avec Varech et alors… (sourire).

    Pour ne pas dévoiler leur intimité nous ne révélerons rien des secrets relationnels d’Adèle et de Hans, de leur inclinaison réciproque qui ira croissant jusqu’à la passion puis évoluera vers une profonde tendresse partagée. Apprenez toutefois que le salon de thé Chez Adèle H. atteindra une notoriété inespérée et que la galerie d’art dont rêvait mademoiselle Hermenier (devenue entre temps madame Niessl) dépassera en succès toutes ses espérances.

    Nous ne connaîtrons jamais les dessous de la fâcherie qui précipita le départ d’Esméralda, la nièce d’Alice Vergnaud. Amère et dépitée notre tante Alice vendra son appartement aux Niessl et se réfugiera dans sa retraite d’Oléron.

    En avril madame Tchang mettra au monde des jumelles juste avant qu’Aude Launay donne le jour à un gros garçon. Pendant plusieurs semaines les pleurs d’avant-têtées rythmeront la vie de l’Hôtel Pochon.

    Quentin (Doit-on le révéler ?) aura quitté sa soupente pour le studio d’Esméralda à Chinon. Ensemble ils partiront pour l’Ecosse au grand dam des parents de la demoiselle qui en tiendront grief à notre chère Alice !

    Que dire des autres personnages ? Dessablettes et madame, les Delyon, les Mukaschturm, mademoiselle Di Feliche, l’ancienne charcutière, etc. poursuivront leur vie de paisibles retraités. Fidèles inconditionnels du salon de thé il se mêleront à une clientèle toujours plus élitiste qui ne dédaigne pas, avec un certain snobisme, de se frotter de temps en temps aux gens du cru.

    N.B. : Ceci est une fiction

     

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  • Sur le blog d'Yvette j'ai découvert ce chant de Noël kabyle dont j'ai trouvé une version un peu plus longue et que je vous propose ici. Comme sans doute beaucoup d'entre nous, j'igorais qu'il y avait des chrétiens en Kabylie.


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    Votre feuilleton du week-end : Le Salon de thé 51


    Semaine 51

     

    Votre feuilleton du week-end : Le Salon de thé 51—Où partez vous ?

    Le geste prompt Hans Niessl rattrape Adèle Hermenier dont le pied vient de se tordre sur une pierre déjetée de l’escalier castral. Lors de ses précédents passages jamais elle n’avait remarqué le défaut de cette marche. Ensemble ils examinent les degrés à la lueur de la lampe-tempête.

    —Pourtant, constate-t-elle, nous sommes descendus sans peine.

    —Il est probable que les récentes allées et venues auront ébranlé son scellement hors d’âge.  La partie supérieure est très détériorée. Vous aurez des travaux à prévoir si vous voulez tout remettre en état.

    Adèle soupire.

    —Cela dit, se reprend Niessl, la cuisine présente un beau volume tout à fait exploitable. Il faudrait la dégager de sa gangue de terre et aménager les accès. Avec des moyens et un bon architecte vous devriez obtenir un résultat satisfaisant.

    En même temps qu’elle l’écoute, Adèle Hermenier observe avec attention la pierre, comme prête à basculer. Dans un coin il s’est formé un minuscule vortex par lequel s’écoule un filet de terre meuble, ce qui indique la présence d’une cavité.

    —Regardez, l’interrompt-elle, là il y a un trou…

    —Cela n’a rien d’anormal, le terrain a bougé au cours des siècles. Il sera nécessaire de consolider l’ensemble.

    —J’ai le sentiment de m’engager dans un gouffre financier avec ces projets !

    —N’oubliez pas, Adèle, que nous seront là pour vous épauler, insiste Hans Niessl. Si nous n’y croyions pas nous ne vous soutiendrions pas.

    Adèle se tait.

    Revenus à la surface, Adèle sourit de nouveau. Elle invite Hans à prendre le thé avant son départ pour Paris où il doit passer les fêtes. Elle-même attend la famille de son frère dans la soirée. Un sapin de plus de deux mètres chargé de guirlandes et décoré de boules et de sujets en pain d’épices orne un coin du restaurant. Nous sommes à l’avant-veille de Noël. Le 25 décembre des parents ainsi que des grands-parents viendront avec les enfants partager un goûter.

    Adèle est gaie. Elle accompagne Hans jusqu’au perron. Il a promis de revenir près d’elle dès le 1er janvier.

    Au vrai, la joie ne l’a plus quittée depuis que Hans Niessl lui a téléphoné en début de semaine, alors qu’elle croyait n’éprouver aucun sentiment pour cet homme. Or voici qu’elle était soudain enthousiaste, radieuse et que chacun constatait sa métamorphose. Elle se remémore sans fin l’intonation caressante de sa voix lorsqu’il a prononcé son prénom :

    —Adèle ?

    —Oui…

    —Adèle, comme je vous l’avais promis, je viendrai vous voir avant Noël.

    —Mais nous y sommes presque, avait-elle rétorqué.

    Il avait tenu parole tout en insistant pour descendre dans le sous-sol qu’il n’avait toujours pas visité. Adèle était pleine d’espérance pour l’année à venir.

    Claude aussi attend beaucoup de l’année 2012, au moins une existence un peu plus aisée.  Comme d’habitude les fêtes seront pour elle solitaires. C’est une période de grande presse commerciale qui accapare ses frères. Ils n’ont pas la tête aux élans nostalgiques. Seul importe pour eux de faire du chiffre. Tristes temps dévoyés par l’argent.

    Alice est partie dans sa belle-famille. Les Tchang et les Launay recevront leurs parents. Quentin a rejoint les siens en Bretagne. Et pour la première fois depuis quarante ans la cloche de la chapelle, au fond de l’impasse voisine, tintera pour appeler les dévots, s’il en reste, à la messe de minuit. Mais il se pourrait bien que les habitants du faubourg, fidèles aux traditions de la Nativité, affluent eux aussi.

     

    N.B. ceci est une fiction

     

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