Je suis seule à la maison avec la Compagnie des nounours et Câline. Petite Maman est chez le coiffeur. Papa est parti jouer au foot avec Elvis. Gros Nounours et Hippo fomentent un complot contre les ziglouglous et chuchotent dans un coin en prenant des airs d’espions venus du froid. Poupou et Cipy jouent aux échecs. Rebecca recoiffe ses magnifiques boucles brunes. Blanche est assoupie sur le canapé. Je termine mes devoirs tandis que Câline surveille tout ce petit monde.

On gratte à la porte d’entrée.

-          « Qui peut bien être assez petit pour ne pas sonner ? Peut-être un lutin ? »

Je me lève et vais ouvrir.

-          « Oh Lapinou ! Que fais-tu là ?

Je me baisse pour le prendre dans mes bras. Il est sale et couvert de brindilles.

-          « Elsa. Je suis content de te revoir. Je suis parti car j’en avais assez qu’Elvis me mordille sans cesse les oreilles. »

Il semble si triste, si malheureux. Je l’embrasse et le dorlote. Tout le monde nous entoure.

-          « Je croyais que les polochons t’avaient enlevé. On t’a cherché puis, désespérés, on a abandonné.

-          « Je voulais seulement avoir la paix. Et puis, des oreilles à damiers orange, franchement, Elsa, ce n’est pas sérieux pour un lapin de garenne.

-          « Je suis d’accord. Petite Maman aurait pu choisir un tissu plus discret et plus approprié pour te réparer. »

-          « Surtout qu’il y a des restes de feutrine marron dans la pièce couture de Petite Maman. Ajoute Câline. Mais tu ne veux peut-être pas les restes ?! Continue-t-elle avec un rictus méchant.

Lapinou hausse les épaules.

-          « Peu importe. Du moment que j’ai des oreilles neuves et qu’elles le restent.

-          « Je vais te nettoyer et nous allons voir avec Petite Maman ce qu’on peut faire. Mais Elvis est malheureux sans toi.

-          « Moi aussi, je suis malheureux sans lui.

Avec un gant de toilette, je répare les dégâts mais les oreilles sont vraiment abîmées.

Texte : Martine DAL FARRA - illustrations : Margareth St Gildas