• Malgré nos supplications, M.B. avait bouclé à double tour le placard dans lequel était caché son poste de télévision. Grand-mère refusait que nous écoutions la radio ou que nous sortions. Par chance je partageais la chambre du grenier avec l’une de mes cousines. Du chien-assis nous entrevoyions le jardin et une partie de la maison de nos vis-à-vis du coin de la rue. A cause de la chaleur portes et fenêtres restaient ouvertes. En cette nuit du 20 au 21 juillet 1969 nous distinguions donc très bien les paroles des commentateurs à la télévision, chez nos voisins.

     

    En dépit de nos précautions à éviter les carreaux décollés du rebord de la lucarne, par deux fois grand-mère, qui avait l’ouie fine, nous avait demandé à travers le plafond ce que nous « fabriquions » là-haut. Rien, bien sûr ! Penchées à la fenêtre nous observions les silhouettes de nos voisins qui, à tour de rôle, allaient et venaient dans leur jardin en grillant une cigarette. Le temps s’étirait, interminable, et les astronautes ne sortaient toujours pas de leur module lunaire. L’envie de dormir nous harcelait. Nous commencions à nous disputer pour décider laquelle veillerait jusqu’à l’instant crucial. Le sommeil finit par nous vaincre toutes les deux  juste avant que Neil Armstrong ne fît son premier pas sur la lune !

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  • En juillet 1969 un événement sans précédent devait bouleverser nos vacances et engendrer l’amorce d’un conflit de générations. S’il excitait notre enthousiasme, grand-mère et M.B. haussaient les épaules : LES AMERICAINS ALLAIENT MARCHER SUR LA LUNE ! Elles puisaient dans la bible les arguments capables de démontrer que l’orgueil de l’homme ne reste jamais impuni. Elles prophétisaient mille désastres à venir. Dieu avait fait don de la terre au genre humain, pas de l’univers ! Qu’on se souvienne de la tour de Babel ! L’une comme l’autre ne voulait rien entendre de cette aventure qui nous passionnait. Sans doute se sentaient-elles dépassées par l’avancée fulgurante des technologies.

     

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  • Les années passaient. Nous devenions des jeunes gens et des jeunes filles qui s'éveillaient à des émotions nouvelles. Beaucoup moins rigoriste que maman qui banissait toute sortie mixte, grand-mère acceptait que nous fréquentions des vacanciers de notre âge, à condition qu'elle même ou M.B. connaissent leurs familles. Nous passions des heures affalés sur le sable entre les coques des voiliers, en haut de la Grande Plage. Nous allions en groupe au cinéma ou à des petites soirées privées. Et nous rentrions de vacances le coeur chargé d'espoir, la tête pleine de rêves sentimentaux.
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