• Avec la disparition de M.B. s’achevait plus d’un demi-siècle d’une amitié sans faille. Deux jeunes filles, l’une préfaillaise, l’autre cherbourgeoise, avaient fait connaissance en 1914, à la veille de la déclaration de la Première Guerre Mondiale. Ni les terribles conflits du XX e siècle ni l’éloignement, pas plus que le mariage ou le célibat, le veuvage n’entamèrent cette sympathie réciproque. Elles venaient de vivre côte à côte pendant vingt-trois années consécutives. Comme chez les vieux couples, il leur arrivait de se chamailler, parce qu’elles ne manquaient pas de tempérament. Mais ce n’étaient que feux de paille vite étouffés !

     

    Une autre longue histoire d’amitié prenait fin aussi. Celle qui s’était tissée été  après été entre les B. et la famille de maman qui entretenaient des relations étroites depuis 1920. M.B.  n’est  pas étrangère à notre existence puisque nos parents se rencontrèrent grâce à elle.

    Ces amitiés constituent en quelque sorte l’épine dorsale de mes récits successifs : Notre école , Des amis dans la guerre , Le regain , Des vacances inoubliables.

     

    Nous éprouvions beaucoup d’affection pour M.B. et nous la considérions comme une parente un peu originale.

     

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  • Le jour de son enterrement à Préfailles, le temps était splendide et chaud pour la saison. Après la cérémonie nous nous sommes promenés le long du chemin côtier. J’avais le sentiment qu’elle nous accompagnait dans tous ces lieux qu’elle avait tant aimés.

     

    Longtemps, souvent, j’ai fait un rêve tout empreint de douceur élégiaque. M.B. était allongée sur une civière à l’ombre de la haie d’écume de mer (ou atriplex) qui borde l’ancien chemin douanier. Grelottante, je lui demandais : « N’avez-vous pas froid ? » Elle répondait avec calme : « Non, je me sens  bien ici. » Et je me réveillais rassérénée.

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  • Par un bel après-midi, à la fin de ce même été 1969, cinq à six coups de sonnette précipités alertèrent soudain la maisonnée à l'heure de la sieste. Nous nous ruons chez M.B.. Nous la trouvons assise dans sa cuisine, les mains serrées contre sa poitrine et qui gémit qu'elle étouffe ! Nous avons déjà oublié, mais en 1969 le téléphone n'était pas si répandu. C'est pourquoi nous n'avions pas d'autre ressource que de courir à perdre haleine jusque chez le médecin tandis que grand-mère portait secours à son amie.

    Il fallut transporter M.B. d'urgence à l'hôpital de Nantes car elle faisait une crise cardiaque. Le soir, avec grand-mère, nous sommes allés mettre un peu d'ordre chez elle et nourrir ses chats. La maison avait perdu son âme... Nous ignorions alors que nous ne la reverrions jamais. Elle mourut en octobre, à l'hôpital.

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire