• Le blog de la voisine (base)

     

    14 novembre 2010

     

    Du fond d’un carton relégué à la cave et jamais ouvert, j’ai extrait deux mugs aux armes de Guernesey. A l’époque ces pièces de vaisselle n’étaient pas encore en vogue chez nous. La couleur me déplait. Mais j’y tiens parce que le souvenir de notre séjour y reste attaché.

     

    15 novembre 2010

     

    Une fois encore j’ai acquiescé sans réfléchir ! Que je suis stupide !

    Notre voisine du premier étage est venue sonner à ma porte –ce qui n’est pas dans ses mœurs- pour me demander si j’accepterais de m’occuper de son chien deux ou trois jours, car elle devait partir en urgence à Tours afin d’y subir divers examens. Prise de court, elle ne savait pas à qui le confier. Et j’ai répondu oui alors que je déteste les chiens ! Les relents de leur pelage me dégoûtent. Plus encore depuis que j’ai appris la présence de glandes odoriférantes à l’intérieur de leurs coussinets. Me voilà désormais responsable d’un animal froussard qui court se réfugier sous la table et tremble de toute sa carcasse dès que j'entrouvre la porte. Impossible de l’attraper pour le mettre en laisse ! La barbe ! Pourvu qu’il ne se lâche pas dans l’appartement. Ce serait le comble !

     

    16 novembre 2010

     

    A l’issue d’une poursuite épique, j’ai ENFIN réussi à saisir le fauve et à l’attacher. (Il n’aboie ni ne mord, mais il se débat comme un diable !) Par chance, aussitôt que la maison est hors de vue il me suit sans résistance. En revanche il refuse de manger en ma présence. Il va, il vient de sa gamelle au salon et vice versa ; il hésite, n’ose pas, renonce. En deux mots : il m’agace ! Laissons-le se débrouiller par lui-même.

    Au passage j’ai remarqué sur la cheminée de notre voisine la photo d’un grand chat qui me rappelle… quoi, au fait ?

     

    17 novembre 2010

     

    Je n’ai pas résisté à la tentation d’examiner la photo de plus près. Dans le coin droit, en bas, elle porte cette mention : GARM, juin 1986-décembre 2003. Garm ? Garm ? C’est impossible… Pourtant sur sa sonnette j’ai bien lu Claude R…

    Vite, je descends vérifier une ou deux choses.

    C’est la meilleure des farces ! Depuis des mois je corresponds à mon insu avec une voisine (que je prenais pour un homme) par blog interposé. Elle a dû bien rire à mes dépens en reconnaissant son chien en tête à tête avec l’un des chats errants du quartier ! Comment lui annoncer qu’elle est découverte ? De toute façon elle ne sera pas dupe.

     

    18 novembre 2010

     

    19h – Claude R. vient de m’appeler pour m’annoncer son retour et me remercier d’avoir pris soin de Varech. Elle ajoute être trop fatiguée pour me rencontrer ce soir.

    Si je laissais un rapide commentaire sur son blog en attendant de la revoir ?

    Commentaire : Taratata, taratata, cher(e) Claude, qui aurait cru que nous communiquions à travers l’épaisseur d’un plancher ? – Taratata

     

    19 novembre 2010

     

    Réponse : Ce sont les mystères et les surprises du net ! Nous ne savons jamais dans quel plat nous posons le pied ! A bientôt et encore merci. – Claude

    Petite revue des derniers messages. Tiens ! CS-qui a participé à la cueillette des tomates pendant une saison à Guernesey, il y a de cela plusieurs années. C’est la première fois que nos expériences convergent. Il a visité la plupart de ces lieux. Il se confie un peu plus bien qu’il reste toujours sur la réserve, comme à son habitude.

    Tatiana aussi connaît l’île, ainsi que Jersey.

    Il est curieux que scouttoujours n’y ait jamais posé le pied, lui qui voyage partout !

     

    N.B. Ceci n'est pas un journal intime mais une fiction

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    Le blog de la voisine (base)

     

    8 novembre 2010

     

    Mark et Susan formaient un modèle d’attentions mutuelles. C’est d’ailleurs lors de notre séjour qu’ils célébrèrent leur demi-siècle de mariage. Ils avaient organisé une fête simple à leur domicile. Mark, qui travaillait en saison dans une entreprise de conditionnement de tomates, avait invité quelques collègues, un couple d’anglais, trois français (bretons et normand), cinq ou six guernesiais. Nous nous répartissions entre divers sièges rassemblés autour de la table et des fauteuils crapauds occupés par les « mariés ». Ah ! Les couleurs appétissantes des gâteaux anglais et des jellies tremblotantes ! Hélas, le goût n’était pas à la hauteur du régal visuel ! Qu’importe ! Le plaisir de se trouver réunis autour des tendres époux prévalait.

    Avec Alphonse nous aimions emprunter les routes bordées de haies pour descendre jusqu’à l’anse de Roquaine. De leurs prés les petites vaches guernesiaises nous observaient. Nous admirions leur robe chamois et leurs fines cornes. Elles produisaient un lait délicieux dont nous avons bu des pintes. Même Alphonse l’appréciait. C’est dire ! A quoi cela tenait-il ?  A la race, au climat de l’île ou bien aux tombereaux de tomates déversés dans une coin de leurs prairies ? Et les glaces de Guernesey, à nulles autres comparables ! Sans doute étaient-elles confectionnées à partir de la crème de ce lait exceptionnel. Nous nous en sommes gavés.

    Au passage nous nous arrêtions aux Fisherman’s Stores pour acheter des cartes postales ou divers objets courants. Puis nous flânions le long de la côte qui nous rappelait la Bretagne, jusqu’à l’une ou l’autre de ces criques où nous paressions des heures entières. Certains soirs nous retrouvions les collègues de Mark dans un pub voisin. Nous buvions une bière ou deux avant de nous affronter aux fléchettes. Je gagnais assez souvent à ce jeu. Nous fréquentions aussi la ferme des fraises. Nous bavardions là tout en dégustant un gâteau aux fraises et une tasse de thé, au milieu des fraisiers qui descendaient en cascades depuis la verrière.

    Mais surtout, Alphonse et moi, nous savourions les promenades au clair de lune, bras dessus, bras dessous, à travers les chemins noyés de nuit, à l’écart des habitations, amoureux comme au premier jour. Nous marchions au hasard, baignés par la fraîcheur de la brise. De temps en temps nous percevions le frôlement d’une vache ou la rumination patiente du troupeau derrière un mur de ronces. L’île magique nous ensorcelait. Tard, très tard, nous rentrions sans bruit dans la maison assoupie.

     

    10 novembre 2010

     

    Maintes fois nous avons croisé la pancarte qui indiquait Les Vaubelets. Cependant je ne me rappelle pas que nous y soyons entrés pour admirer la minuscule église (la plus petite du monde dit-on) tapissée de tessons de faïence. Après tout, le but de notre séjour était moins le tourisme que l’espoir de ranimer la flamme vacillante de notre union.

    Peut-être l'avons-nous visité, finalement, car je viens d’en retrouver deux photos… Tant mieux pour les lecteurs de mon blog !

     

    12 novembre 2010

     

    Quand nos hôtes voulaient garantir leur intimité, ils s’exprimaient en patois normand. Ce qui nous amusait car nous le comprenions mieux que l’anglais ! Il arrivait à Susan d’entonner :

    J’irons tous à la St Jean
    Dansair à la Roque Ballan.

    Plusieurs fois elle avait évoqué aussi la Gran’mère du Chimquière à St Martin. Cela sonnait comme un accent de la France profonde. C’est là tout le charme de Guernesey qui réunit sur son sol mode de vie britannique, parler normand et paysages bretons.

    Au moment du retour nous avons embarqué par forte houle. Pour la première fois de ma vie j’éprouvai un abominable mal de mer qui me paralysa… au milieu de la passerelle de l’aéroglisseur ! C’était une sensation affreuse. Je restais là, suspendue entre ciel et mer sans pouvoir faire un pas en dépit des encouragements de mon mari. Un matelot se chargea de ma valise et m’entraîna d’un bras vigoureux à l’intérieur. D’un coup mon malaise disparut tandis que la moitié des passagers commençaient à hoqueter !

    Notre relation amoureuse venait de jeter ses derniers feux. Le miracle serait de courte durée. Bientôt ses préoccupations carriéristes accépareraient Alphonse...

     

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    1er novembre 2010

     

    Cette année le courage m’a manqué pour descendre à Oléron me recueillir sur la tombe de mes parents et de mes grands-parents. Tous avaient émis le souhait d’être ensevelis dans la terre de leurs vacances, lieu délicieux de bonheur familial depuis un peu plus d’un siècle.

    Alphonse, quant à lui, repose dans un modeste cimetière de la Côte de Jade près de son grand-père. Dans les années 70 nous nous y rendions par une petite route bordée de haies épaisses, en haut du village. La grille blanche grinçait lorsque nous la poussions et le gravier crissait sous nos pas. Il y régnait une atmosphère à la fois intime et bucolique, propice à engendrer la sérénité. Aujourd’hui, la vue dégagée donne sur un rond-point et une zone industrielle que rien ne dissimule. Comment pourrions-nous encore évoquer nos morts dans un tel environnement ?

     

    3 novembre 2010

     

    Alors que je triais les volumes de ma bibliothèque, je suis tombée sur The Story of the Channel Islands de John Uttley, le dernier achat que je fis à St Peter Port avant notre départ. Celui à propos duquel Alphonse remarqua au moment où nous sortions du magasin : « Pourquoi t’obstinais-tu à répondre en anglais au libraire qui s’adressait à toi en français ? » Je ne l’avais pas réalisé ; étonnée toutefois de comprendre soudain l’anglais avec une telle facilité !

    Il se trouve par ailleurs que circulent depuis peu sur les blogs des critiques et analyses de l’ouvrage de M.A.Shaffert et A.Barrous, Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, un roman sous forme d’échange épistolaire autour de la vie des guernesiais pendant l’occupation allemande. Je n’irais pas jusqu’à assimiler cette coïncidence à un signe du ciel. Mais elle ravive en moi d’heureux souvenirs. Ce sera un plaisir de partager mes photos avec les lecteurs de mon site.

     

    4 novembre 2010

     

    Les années 70 touchaient à leur fin. Alphonse et moi espérions donner un nouveau souffle à notre mariage si nous prenions nos  vacances en amoureux cet été-là.

    Je venais de terminer la lecture de L’Arche dans la tempête d’Elizabeth Goudge, qui m’avait enthousiasmée. (Le titre anglais Island Magic me paraissait d’ailleurs mieux traduire l’atmosphère du roman). Aussi avais-je suggéré que nous y passions notre deuxième lune de miel. Nous n’avons jamais regretté ce séjour !

    Sur recommandation d’une amie nous avions loué une chambre chez un couple de retraités de St Peter’s in the Wood. Mark et Susan nous accueillirent avec beaucoup de gentillesse. Leur maison so british nous convenait à merveille. L’ensemble –tapisseries et rideaux de liberty, meubles de bois clair, bow-window ouvert sur la campagne- formait un véritable nid d’amour. Nous y revivions la passion de nos débuts.

     

    N.B. Ceci n'est pas un journal intime, mais une fiction.

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