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    Le blog de la voisine (base)

     

     

    31 juillet 2010

     

    Ces souvenirs sont si lointains… Tante Athalie nous a quittés à quatre-vingt-treize ans. Elle est morte, d’ennui, peu de temps après avoir pris sa retraite. Elle avait commencé à travailler à treize ans dans la mercerie de sa mère, mon arrière-grand-mère. Au début de mon apprentissage cette dernière, alors âgée de quatre-vingt-huit ans, aidait sa fille au magasin de temps à autre. On les désignait, confondues en une seule entité, comme les dames R.

    Tante Athalie n’a jamais pris d’autres vacances que les dimanches et les jours fériés. Le matin elle assistait à la messe et s’arrêtait à la pâtisserie pour acheter un gâteau. Parfois l’après-midi elle se rendait aux vêpres. La mercerie aura été toute sa vie et sa seule expérience. Sa maison (dans laquelle elle est née et décédée) a été vendue. Lors de mon dernier passage, il y a onze ans, derrière la vitrine empoussiérée un rideau de reps fané protégeait l’intimité de ses habitants.

    Me voilà soudain nostalgique d’un univers que je n’aspirais pourtant qu’à fuir dans ma jeunesse.

     

    4 août 2010 

     

    Remue-ménage au rez-de-chaussée. J’ai entendu des cris, le bruit d’une fessée, des pleurs. Qu’arrive-t-il ?

     

    5 août 2010

     

    L’explication de ces éclats m’a été donnée chez la boulangère. A mon arrivée, l’une des mamans, invitées de mes voisines, commentait en se tournant vers son joli petit rouquin :  « Oui, elle est toujours là cette sale bête. Ce matin encore la queue dépassait de dessous l’oreiller. Elle était longue comme ça, avec une flèche au bout ! Pas moyen de s’en débarrasser ! » Et l’enfant au visage d’ange baissait le nez l’air contrit. Mais de quoi parlait-on ? Ah ! Du diable !

    Diable ! Diable ! J’appris que ce mignon démon avait coupé en deux tous les fruits sur le poirier de leurs hôtes ! Ce bonhomme ne manque ni d’imagination ni de dextérité.

     

    6 août 2010

     

    La lassitude semble contaminer les blogs. On y circule de moins en moins. Le nombre d’articles diminue. Peu de lecteurs. Les trois quarts des sites que je visite le plus régulièrement n’ont pas bougé depuis huit ou quinze jours. Cet état de fait a de quoi vous ôter toute motivation. Je me demande si je ne vais pas sans tarder suivre le mouvement…

     

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    25 juillet 2010

     

    Les premiers parents de Mme et Melle H. sont repartis. Deux couples avec chacun un enfant les ont remplacés. Ils sont plus tranquilles que les précédents. Le jeune infirmier est seul maintenant. Quant à mon voisin de palier, il s’est absenté. Je ne sais pas pour combien de temps.

     

    28 juillet 2010

     

    L’accès à internet devient capricieux en ce moment. J’espère malgré tout mettre en ligne la suite de mon article.

    Pour une très jeune fille un magasin de mercerie recelait des trésors ; de quoi agrémenter ses tenues et confectionner maints colifichets. A cette époque-là bien des femmes cousaient ou tricotaient une partie des vêtements de la famille. Elles savaient les rafraîchir par quelques coupes adroites ou l’ajout d’ornements quand ils montraient des signes d’usure. Les plus âgées parmi les plus humbles portaient en guise de veste ces grands châles crochetés dont elles s’enveloppaient le buste jusqu’en dessous de la taille. Les foulards se vendaient bien car une femme devait avoir la tête couverte à l’église. Elles les portaient à la fermière (attachés sur la nuque), à la Fanchon (noués sous le menton), à la Grâce Kelly (fixé autour du cou). Cela leur évitait d’investir dans un chapeau, plus onéreux. Certaines préféraient la mantille, moins répandue. On trouvait encore ces longs voiles de deuil en crêpe noir que les femmes de la famille abaissaient devant leur visage pendant la cérémonie funèbre.

    A tous les autres l’apprentie préférait le meuble des boutons, garni de multiples tiroirs ornés chacun d’un exemplaire de leur contenu. Elle aimait  les choisir avec la cliente. Elle prenait plaisir à les manipuler comme autant de bijoux. Il y en avait de toutes formes et de diverses matières. De précieux, en verre, taillés en diamant. D’autres de nacre dont l’orient variait du blanc à l’anthracite satiné de perle noire. On en fabriquait en malachite (d’un vert profond), en opaline, en bois, en os, en jais, en corne… En métal ils ajoutaient une touche martiale aux vestes et aux manteaux.

    Avec les rubans elle envisageait mille façons de rendre attrayants ses chemisiers et ses  robes.  Ils offraient un choix presque infini de couleurs et de motifs tissés dans l’épaisseur de la tresse. On en proposait en coton, en rayonne, en soie, quelquefois en laine. La mercière les mesurait au moyen d’une grosse règle de bois graduée fixée sur le comptoir et terminée par deux embouts de laiton. Quand approchait la rentrée en internat, les mères de famille commandaient des galons tissés au nom de leurs enfants. Elles les cousaient sur les vêtements et le linge qu’ils emporteraient en pension.

    Le rayon des laines ne laissait pas l’apprentie indifférente. Elle imaginait avec gourmandise tant de pulls, de gilets élégants et douillets dans lesquels s’enfouir. Le plus souvent les clientes choisissaient leurs modèles sur catalogue. Puis elles cherchaient la laine idoine. Il arrivait qu’un homme se présentât.  Il y en eut même un qui prétendait réaliser la layette entière de son futur nouveau-né. Il expliquait, livrait des « trucs ». La patronne réprimait une moue d’impatience, outrée qu’un mâle osât prétendre s’imposer dans le pré carré des femmes ! Elle oubliait que, dans un passé récent, de petits pâtres tricotaient eux-mêmes leurs écharpes.  Moyen de s'occuper en gardant les troupeaux.

     

    30 juillet 2010

     

    L’arrivée d’un commis voyageur appartenait à ces menus événements qui distrayaient du quotidien. La patronne l'entraînait dans un espace reculé du magasin. Elle pouvait alors tout à loisir examiner ses nouveautés. L’apprentie posait un œil émerveillé sur les valises ouvertes. Elle aurait tout acheté ! La patronne, mieux avisée, évaluait ce qui correspondait au goût de ses acheteuses. Elle discutait les prix, les remises, les dates de livraison ; ne s’en laissait pas conter.

    Une mercerie était une véritable caverne d’Ali Baba. Elle regorgeait d’articles : boutons, rubans, laines, crochets, aiguilles à coudre, à tricoter, à canevas, à repriser, élastiques, gros-grains, pressions, perles, ouvrages manuels, fils à coudre, à broder, à repriser, catalogues d’ouvrages de dames, craies, centimètres, etc. Elle réunissait un nombre impressionnant de références. Que dire des inventaires qui nécessitaient de répertorier jusqu’à la moindre babiole oubliée dans un coin !

    Peu à peu l’apprentie prenait confiance en elle. Elle acquérait de l’expérience. Il était temps qu’elle devienne vendeuse à part entière. Bientôt elle serait apte à prendre le relais.


    Foulards


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    19 juillet 2010

     

    J’avais prévu de surprendre taratata à son retour en publiant quelques portraits de ces chats qu’elle prétend être les siens. Mais  la colonie semble décimée. L’un d’eux gît dans un fossé un peu plus loin dans la campagne. Varech l’a découvert lors de notre promenade.  Que lui est-il arrivé ? Noyé par l’orage d’hier soir ? Victime d’un chauffard ? Empoisonné avec ses congénères ? Il n’en reste plus que trois dont l’un doit avoir moins de six mois. Bizarre…

     

    22 juillet 2010

     

    J’ai écrit un nouvel article sur mon blog, dans lequel j’expose mon expérience d’apprentie mercière.

    Entrer en apprentissage dans une mercerie, au milieu des années soixante, impliquait ce principe fondamental : oublier l’algèbre et réapprendre la règle de trois. Sinon la patronne poussait les hauts cris. Qu’aviez-vous fait là ? Comment aviez-vous calculé le prix de 0,30 m de ruban ? Penaude, vous étiez. Plus instruite qu’elle, mais beaucoup moins savante dans l’art de débiter du galon, vous n’osiez pas avouer votre ignorance. Elle prenait les devants ; elle  vous remémorait les bases du calcul.

    Au contraire des apparences, rendre la monnaie n’était pas une mince affaire. Parfois il fallait avoir recours au calcul mental. Votre cerveau n’y était plus exercé. Nous ne connaissions pas la caisse enregistreuse ; la machine à calculer non plus.

    Les opérations se faisaient à la main, au dos de vieilles feuilles publicitaires coupées en quatre ou d’enveloppes usagées. Vous y notiez le prix des articles au fur et à mesure de la commande. Puis il suffisait de les totaliser. La cliente tendait un billet ou bien réglait la somme exacte. Facile. Mais il arrivait qu’elle dise : « Un peu de monnaie vous arrangerait ? » Oui, toujours oui. Alors les choses se corsaient car elle ajoutait quelques pièces à son billet. Que faire de ces francs supplémentaires ? Vous hésitiez, brassiez ce problème en tous sens dans votre tête. La chalande s’impatientait ou bien prenait un air goguenard ou encore se précipitait à votre secours. Ce qui vous embrouillait davantage. La patronne allongeait le cou. « Voyons, il faut rendre tant. » Tout sourire, elle vous relayait. « Voilà, Mme Unetelle. Elle débute, vous savez. » L’apprentie mourrait de honte.

    Personne ne devait ressortir les mains vides de la boutique. Il fallait faire en sorte de toujours satisfaire une demande. Lorsque par hasard (ce qui était rare) une marchandise était épuisée, la patronne ne manquait jamais de trouver un palliatif. Ainsi il arrivait à l’apprentie, reléguée dans l’arrière-boutique, de consacrer un après-midi à coller de grosses perles au bout d’aiguilles à chaussettes, ou à coudre des boutons sur des cartes.

    Il lui incombait par ailleurs de laver la vitrine et de nettoyer les panneaux de bois de la façade. Tout en haut était écrit en belles anglaises : Mercerie Athalie R.

    De temps en temps la patronne l’envoyait se ravitailler en monnaie à la cure. La bonne du curé la faisait patienter dans le couloir d’entrée d’où l’on voyait, à travers la porte-fenêtre, le jardin orné d’une fontaine. Monsieur le curé chargé du produit des dernières quêtes  l’invitait à avancer dans la  grande salle du rez-de-chaussée. Il triait les pièces devant elle. Parfois il retirait un bouton de culotte ou un ancien sou sans valeur. Il le lui mettait sous le nez en riant : « Tu te rends compte ! Ils exagèrent quand même ! » Elle repartait chargée de sa lourde besace.

     

    21 juillet 2010

     

    Un peu lasse de mon récit, je le reprendrai plus tard…

     

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