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    Aubusson - La Peau de Licorne, de Nicolas BUFFE

     

    Alors qu’ailleurs la tapisserie, et l’art textile en général, prenaient du relief depuis plusieurs décennies déjà (Chompré, Gleb, Sheila Hicks, etc.) voire se détachaient des murs pour devenir sculptures (Grau Garriga, Sheila Hicks, entre autres), celle d’Aubusson se figeait dans la tradition du tissage plan et, sauf pour le mobilier, rectangulaire. En déclin, si elle veut survivre, la tapisserie d’Aubusson doit répondre au plus vite à cette double gageure : entrer dans le modernisme sans renier sa tradition. De ce point de vue, l’attribution du Grand Prix 2010 par le Fonds régional de créations de tapisserie contemporaine (Cité Internationale de la Tapisserie Contemporaine et de l’Art Tissé à Aubusson) à Nicolas BUFFE paraît judicieuse.

    En effet, ce jeune français qui vit au Japon depuis plusieurs années, très influencé par la culture populaire japonaise, s’appuie aussi sur notre passé (17e et 18e siècles) pour créer un art de confrontation et de synthèse entre époques et cultures différentes. (LINK)

    Son travail sur La Peau de Licorne, s’il fait référence à un thème très prisé des cartonniers du Moyen Âge, tue symboliquement le mythe. Il ne nous offre à voir que sa dépouille qui cache, dans les lacis de ses taches noires, des grotesques d’inspiration manga.

    Avec sa Peau de Licorne, BUFFE sort la tapisserie d’Aubusson de son cadre rigide pour des contours aléatoires. Le tissage reste classique cependant que l’œuvre, à laquelle ont été adjoints une tête et des sabots de porcelaine fabriqués à Limoges (en référence à la région du Limousin), peut aussi s’apparenter à la sculpture.

    Tour à tour tapisserie (accrochée au mur), tapis ou bien sculpture, elle est présentée horizontalement dans l’église du château de Felletin. Malheureusement, notre temps limité ne nous a pas permis de faire ce détour. Néanmoins, au Musée de la Tapisserie, à Aubusson, nous avons pu voir les essais de tissage des divers ateliers de la ville avant le choix définitif.


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    Aubusson (Creuse) capitale de la tapisserie - 7


    Le Musée de la Tapisserie


    Le Centre Culturel et Artistique Jean Lurçat -du nom de ce peintre cartonnier qui, en modernisant la tapisserie dans les années 40 donna un souffle nouveau à son artisanat déclinant, et qui innova avec l'utilisation du carton chiffré (sur lequel chaque numéro correspond à une couleur précise)- abrite le Musée de la Tapisserie. Petit, certes, mais importantsi l'on considère la modestie de la ville qui l'héberge, bien conçu, agréable à visiter.


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    Sans doute pour préserver l'éclat de leurs couleurs, les tapisseries sont exposées dans une demi-pénombre. Il est possible de les photographier à condition de ne pas utiliser de flash. C'est pourquoi dans l'ensemble elles peuvent paraître un peu sombres.

    Dans la première salle sont présentées des tapisseries des Gobelins et de Beauvais, manufactures d'état à Paris, qui travaillent pour le mobilier national.

     

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    La suivante est consacrée aux manufactures privées d'Aubusson qui, outre les tapisseries proprement dites, réalisent des revêtements de fauteuils, canapés, chaises et autres éléments décoratifs tels que des paravents ou des écrans de cheminées.

     

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    Plus loin, sont présentés des travaux d'élèves de l'Ecole d'Art Décoratif (qui n'existe plus), de leur conception à leur réalisation.

     

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    Enfin nous pouvons admirer quelques tapisseries plus récentes, produites dans les ateliers d'Aubusson.

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    Aubusson (Creuse) capitale de la tapisserie - 6



    L’atelier de tissage

     

    A l’étage le  plus élevé, dans la pièce la mieux éclairée, deux métiers de basse lice sont installés. Un licier tisse devant le public tout en expliquant la technique et l’histoire de la tapisserie d’Aubusson. Il répond bien entendu à toutes les questions. Ainsi nous dit-il, il a lui-même suivi l’enseignement de l’Ecole Nationale d’Art Décoratif (malheureusement elle n’existe plus désormais) qui, en trois ans formait des artistes liciers capables de créer leurs propres cartons, après quoi les élèves devaient impérativement compléter leur formation par quatre années d’apprentissage en atelier.

    Ce monsieur est salarié de la ville d’Aubusson. Aucun rendement ne lui est imposé dans la mesure où il doit à la fois mener à bien une tapisserie et animer la visite. La progression du tissage par licier est d’environ un mètre carré par mois. Elle dépend toutefois de la grosseur de la chaîne et de la méticulosité que réclame l’exécution du dessin.

     

    Aubusson (Creuse) capitale de la tapisserie - 6


    A sa droite nous voyons la peinture qui lui sert de modèle. La ville d’Aubusson acquière des cartons dont les tapisseries réalisées restent sa propriété. Celles-ci, comme cela est imposé maintenant, portent à la fois la signature de l’artiste et la marque du licier (ou de l’atelier qui l’a réalisée).

     

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    Près du premier, un deuxième petit métier de basse lice inoccupé permet de mieux en détailler l’agencement.

     

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    Ci-dessous vous pouvez regarder un document de l’INA qui montre comment procèdent les liciers. Leurs conditions de travail sont un peu celles de l’usine, bien différentes de ce que j’ai pu observer dans les rares ateliers angevins il y a quarante ans.

     

    Pour voir la video : clic sur youtube.

     

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