• En 1942, M.B. qui a perdu sa mère est seule maintenant. N'ayant ni frère ou soeur, ni proches cousins, elle ressent d'autant plus l'isolement et la dureté des temps. Malgré le froid, elle continue de pêcher. Elle écrit partout, donne des nouvelles des uns aux autres. De rares locataires peuvent encore séjourner huit ou quinze jours à Préfailles. Elle incite maman à lui rendre visite et lui confirme qu'il est possible de venir des départements limitrophes et côtiers. Pour ne pas tout perdre en cas de bombardement ou d'exil, elle a fait transporter une partie de ses biens chez les parents de maman qui lui avaient offert de l'héberger au cas où la situation dégénérerait sur la côte.

    Cependant que les conditions de déplacement se durcissaient (il fallait un laissez-passer pour se rendre à la Raise et certaines plages étaient interdites), que les colis circulaient de moins en moins bien, M.B., jamais à cours de ressources, rusait pour revoir ses amis. Ainsi, en septembre 1942 elle écrivait à maman : On est devenu très difficile pour les résidences. J'ai dû leur envoyer (à ses locataires estivaux) un certificat d'utilité pour les vendanges. Certificat du maire, ainsi ils ont pu venir. En réalité il ne reste plus une grappe dans ses vignes pillées!


     

    Les vélos sont taxés

     

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    Voici le commentaire de Marc qui apporte des précisions relatives à l'immatriculation des vélos :

     

    Voici en résumé ce que je viens de lire sur l'impôt sur les vélocipèdes.
    La plaque de vélo a été institué en France par la loi du 28 avril 1893 et exigible dès le mois de juin.(au prorata). Le montant annuel était fixé à 10 francs plus quelques centimes de taxes diverses. Un quart des recettes étaient reversées aux communes.
    Une plaque de métal portant l'année d'affranchissement était délivrée, en laiton pour les années impaires et en métal blanc pour les années paires.
    En 1941 quelques plaques laiton ont été fabriquées puis remplacées par du métal blanc (à cause des besoins en métal de l'envahisseur allemand).

    En 1942 une carte comme celle photographiée en exemple est émise et de 1943 à 1948 un simple timbre fiscal justifie l'acquittement de la taxe.
    Puis de 1953 à 1958 un formulaire administratif nominatif permet d'être en règle avec la loi.

    Enfin, le 30 décembre 1958 la taxe sur les vélos est définitivement abandonnée.

     

     

    La Loterie Nationale a toujours cours

     

     

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  • Permis-de-circuler.jpgEn septembre 1939 maman avait obtenu un permis de circuler. Elle peut donc sillonner la campagne en voiture pour y collecter fruits, légumes, rillettes et saucisses, beurre, conserves de viande dont elle remplit des colis à destination de Préfailles, Paris, l'Oise, Angers. Elle ne ménage ni son temps ni ses efforts pour ravitailler au mieux les uns et les autres. Un petit garçon de ses amis s'étonne auprès de sa maman : elle en a une grande ferme pour nous envoyer tant de paquets ! En retour, de Préfailles elle reçoit des crustacés, de Paris des colifichets achetés au Bon Marché, ou bien des mandats, des tickets d'alimentation. Cependant que les habitants de l'Oise se plaignent du ronronnement incessant, jour et nuit, des avions qui les survolent.

     

     

     

      Clic sur l'image pour ouvrir l'original

     

     

    Le 22 novembre 1939 le gouvernement polonais en exil, conduit par le général Sirkorski, était accueilli officiellement à la gare Saint-Laud d'Angers. Le 2 décembre 1939, à son tour, W.Raczkiewicz, président de la république polonaise, venait s'installer en Anjou, au château de Pignerolle. Hôtels particuliers et châteaux de la région d'Angers furent investis par les ministères polonais et les ambassades étrangères. Par ailleurs, une partie du trésor de la Banque Polonaise fut déposée à la Banque de France. Angers devint en quelque sorte la capitale de la Pologne, jusqu'à la débâcle de juin 1940 qui obligea le gouvernement polonais à un nouvel exil, vers l'Angleterre, cette fois.

    De cet épisode de la Deuxième Guerre Mondiale, j'ai retrouvé une trace dans nos papiers de famille. En effet, l'agence qui gérait les biens immobiliers de notre grand-père lui propose de louer l'un de ses appartements à une femme dont la maison a été réquisitionnée. J'ignore s'il donna suite à l'offre...

     

     

    Plateau---porte-carte.jpg

     

    La France s'enlise dans l'Occupation ; les pénuries s'accroissent ; le charbon fait défaut. Pendant l'hiver 1941 mes grands-parents en sont réduits à brûler du bois vert pour se chauffer. A Préfailles on débite les beaux lambertianas (la parure de Préfailles !) gelés... qui rendent bien service aux habitants. Les villas, d'habitude inhabitées en cette saison, ont été réquisitionnées. Notre petite station balnéaire est de plus en plus peuplée ! Tout le monde souffre : certains, du fait de la guerre, ont perdu leur emploi, d'autres manquent de matières premières pour faire tourner leur commerce ou leur industrie, d'autres enfin, ont retrouvé leur maison entièrement vidée par le pillage. Les amis dispersés par la guerre évoquent avec une nostalgie croissante les jours heureux de Préfailles.

    * Consulter : page Rationnement





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  • En dépit des nuages qui s'accumulent au-dessus de l'Europe, maman, son frère et leurs parents profitent plus que jamais de leurs vacances à Préfailles au cours de l'été 1939. Ils sont même accompagnés de nouveaux venus, tantes et cousins.

    Bien que la guerre ait été déclarée le 3 septembre, l'optimisme renaît. En novembre on se congratule mutuellement au sujet des photos prises pendant l'été. Tout cela nous rappelle de bien heureuses heures. Puissions-nous les revoir l'été prochain : espérons que la guerre sera finie et que vous pourrez joyeusement prendre d'heureuses vacances ! -inconscience ou désinvolture ? Pourtant le frère de maman avait été enrôlé, et il ne donnait guère de nouvelles. Des mariages avaient dû être différés du fait des événements.


     

     Nous arrivons au coeur de l'été 1940. Il n'est plus question de vacances. L'armistice a été signé le 22 juin. Chacun se dit rassuré, heureux, profondément heureux  que le frère de maman ne soit ni prisonnier ni blessé, et tout le monde espère le voir bientôt rendu à la vie civile. Début juin des réfugiés venus du Nord et de Belgique ont envahi notre région. La famille de maman, qui dispose d'une assez vaste habitation, en héberge. Parmi ceux-ci une relation de Préfailles débarque épuisée après avoir dû camper sur un quai de gare pendant huit jours, avec ses deux enfants. Curieux hasard !

    Enfin, au cours de l'été les réfugiés rentraient chez eux, remplacés par les habits verts. M.B. note, non sans ironie : comme vous nous sommes abondamment occupés. Elle trouve les soldats allemands toujours corrects et même aimables avec (elle). (Le ton s'aigrira plus tard). Toutefois elle constate que si les salons des villas voisines sont bien tenus, greniers et remises ont été pillés. Aussi conclut-elle : s'ils restent des mois, je me demande ce qu'il restera des maisons. 

    Les préfaillais entendent des bruits de tirs et d'explosions dans la région, sans savoir au juste ce qui se passe.

     

     

    Avec son régiment, le frère de maman avait gagné le Havre à pied, d'où il devait embarquer pour Narvik en Norvège. Mais en cours de route les soldats avaient reçu un contrordre et étaient revenus, toujours en marchant à leur point de départ ! Pendant ce temps ses parents avaient multiplié les interventions et démarches auprès d'élus et d'autorités locales pour obtenir que leur fils ne quitte pas la France.
    Le 22 mars 1940, un sénateur répondait à son père :

    Cher Monsieur,
    J'ai lu votre lettre du 20 Mars.
    J'interviens immédiatement en faveur de M.votre fils auprès du Ministre de l'armement, mais je crains fort que son jeune âge ne lui permette pas d'obtenir une affectation spéciale.
    Veuillez agréer, cher Monsieur, l'expression de mes meilleurs sentiments.

    Puis le 23 avril 1940, à sa mère :


    Chère Madame,
    J'interviens pour que votre mari
    (!) ne soit pas envoyé en Norvège, mais je dois vous dire que les interventions parlementaires ne sont pas toujours satisfaites - loin de là- par l'autorité militaire...
    Croyez, chère Madame, à mes meilleurs sentiments.

     

     

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