• Par un bel après-midi, à la fin de ce même été 1969, cinq à six coups de sonnette précipités alertèrent soudain la maisonnée à l'heure de la sieste. Nous nous ruons chez M.B.. Nous la trouvons assise dans sa cuisine, les mains serrées contre sa poitrine et qui gémit qu'elle étouffe ! Nous avons déjà oublié, mais en 1969 le téléphone n'était pas si répandu. C'est pourquoi nous n'avions pas d'autre ressource que de courir à perdre haleine jusque chez le médecin tandis que grand-mère portait secours à son amie.

    Il fallut transporter M.B. d'urgence à l'hôpital de Nantes car elle faisait une crise cardiaque. Le soir, avec grand-mère, nous sommes allés mettre un peu d'ordre chez elle et nourrir ses chats. La maison avait perdu son âme... Nous ignorions alors que nous ne la reverrions jamais. Elle mourut en octobre, à l'hôpital.

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  • Au matin du 21 juillet nous ne tenions plus en place, pressées de courir aux nouvelles en faisant les courses. Peut-être par un brin de malice, grand-mère prenait son temps ! Nous hâtions le pas du côté des magasins. Mais personne autour de nous ne parlait de ce qui était advenu la nuit précédente. Tous les chalands que nous croisions semblaient indifférents à cette incroyable aventure humaine. En vérité ceux qui avaient suivi les émissions pendant la nuit dormaient probablement. Ce n’est qu’en allant nous baigner, vers midi, que nous avons enfin appris le succès de cette première expédition sur la lune !

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  • Malgré nos supplications, M.B. avait bouclé à double tour le placard dans lequel était caché son poste de télévision. Grand-mère refusait que nous écoutions la radio ou que nous sortions. Par chance je partageais la chambre du grenier avec l’une de mes cousines. Du chien-assis nous entrevoyions le jardin et une partie de la maison de nos vis-à-vis du coin de la rue. A cause de la chaleur portes et fenêtres restaient ouvertes. En cette nuit du 20 au 21 juillet 1969 nous distinguions donc très bien les paroles des commentateurs à la télévision, chez nos voisins.

     

    En dépit de nos précautions à éviter les carreaux décollés du rebord de la lucarne, par deux fois grand-mère, qui avait l’ouie fine, nous avait demandé à travers le plafond ce que nous « fabriquions » là-haut. Rien, bien sûr ! Penchées à la fenêtre nous observions les silhouettes de nos voisins qui, à tour de rôle, allaient et venaient dans leur jardin en grillant une cigarette. Le temps s’étirait, interminable, et les astronautes ne sortaient toujours pas de leur module lunaire. L’envie de dormir nous harcelait. Nous commencions à nous disputer pour décider laquelle veillerait jusqu’à l’instant crucial. Le sommeil finit par nous vaincre toutes les deux  juste avant que Neil Armstrong ne fît son premier pas sur la lune !

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